La Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) réclame un élargissement du Régime de rentes du Québec comme solution à la crise des retraites. La centrale syndicale se targue d'avoir rallié 75 organisations derrière son idée, allant de Force Jeunesse à la Fédération de l'âge d'or du Québec.

«L'idée est de faire en sorte que les Québécois puissent jouir d'une retraite à l'abri des soucis. Faire en sorte que tous un jour méritent une retraite avec dignité», a dit son président, Michel Arsenault. Le numéro un de la FTQ a rencontré la presse hier pour faire le bilan de 2011 et pour discuter des priorités de 2012.

À l'heure actuelle, 50% des retraités touchent le supplément de revenu garanti (SRG) du fédéral, a déploré le syndicaliste. Pour toucher le SRG, il faut avoir un revenu annuel de moins de 16 368$.

La solution de la FTQ est d'augmenter le montant couvert par le Régime des rentes, soit 25% du revenu de travail, à 50% tout en augmentant le plafond maximum assurable de 50 100$ à 66 000$, soit le montant maximum assurable par le régime de santé et sécurité du travail en 2012. «Ça permettrait à tous les travailleurs, pas juste les syndiqués, d'avoir une retraite honorable», fait valoir Michel Arsenault.

Selon lui, la majorité des provinces du reste du Canada est d'accord pour augmenter la couverture du Régime de pensions du Canada, le pendant canadien du Régime des rentes du Québec.

Il souligne que les frais d'administration du Régime des rentes, à 0,7%, sont beaucoup plus avantageux que ceux des REER en général, qui sont à 2,5% en moyenne.

L'homme d'affaires Luc Maurice, président des résidences pour personnes âgées du Groupe Maurice, préconisait pareille solution dans nos pages le 15 novembre dernier. D'après lui, l'implantation d'une telle réforme augmenterait la mobilité de la main-d'oeuvre, tout en soulageant les gros employeurs, y compris les gouvernements, de lourdes charges associées au renflouement obligatoire des régimes complémentaires de retraite.

Le gouvernement du Québec a préféré créer le régime volontaire d'épargne-retraite pour lequel les employeurs ne sont pas obligés de cotiser, ce que déplore M. Arsenault.

Opposition du patronat

Du côté patronal, on est contre l'idée d'une bonification du Régime de rentes du Québec en raison de son coût. «Les employeurs québécois ont déjà les taxes sur la masse salariale les plus élevées au Canada», dit dans un entretien téléphonique Norma Kozhaya, directrice de la recherche et économiste en chef du Conseil du patronat du Québec (CPQ).

Même dans sa forme actuelle, le coût du Régime des rentes est en augmentation. Les cotisations seront haussées de 0,15% par année durant six ans à partir de 2012.

Le CPQ est par contre d'accord avec l'idée de réviser les règles de financement des régimes de retraite à prestations déterminées, devenues caduques selon lui dans un contexte de bas taux d'intérêt. Il se montre intéressé à participer à un comité syndical patronal sur cette question, ce que propose également la FTQ.

Fonds FTQ

Par ailleurs, le président de la centrale syndicale s'est dit très fier de la performance du Fonds de solidarité FTQ au cours du semestre terminé à la fin de novembre. «Le prix de l'action est à la hausse pour le sixième semestre de suite, a dit M. Arsenault. Le Fonds, c'est tout un success-story.»

Le prix de l'action a augmenté de 6 cents, à 25,98$. Le fonds a obtenu un rendement de 0,2% au dernier semestre. Le portefeuille de placements dans des entreprises à capital fermé et des fonds spécialisés a réalisé un rendement de 6,1%. Évaluées en fonction de la valeur nette des fonds autogénérés futurs, les entreprises à capital fermé voient généralement leur valeur augmenter quand les taux d'intérêt sont en baisse. Durant cette même période, le portefeuille des titres boursiers a subi un recul de 6%, tandis que la portion investie en titres à revenus fixes a donné un rendement de 3,8%.

«La priorité en 2012 sera d'encourager la PME québécoise à maintenir et à créer de bons emplois et à faire des investissements nécessaires pour être à la fine pointe de la technologie», a ajouté le président du conseil d'administration du Fonds FTQ, dont l'actif atteint maintenant 8,2 milliards de dollars.