Après des années de vaches maigres, l'industrie québécoise du capital-risque confirme une fois de plus son essor. Selon des données compilées par la firme Thomson Reuters, la croissance de l'activité québécoise du marché de capital-risque est non seulement première au Canada, mais aussi à l'échelle de l'Amérique du Nord.

Le capital-risque, cet argent investi dans les entreprises en croissance ou en démarrage, a bondi de 81% au Québec au cours du dernier trimestre pour atteindre 145 millions de dollars.

En neuf mois seulement, les investissements en capital-risque faits dans la Belle Province dépassent déjà ceux de l'année entière de 2010 et se chiffrent à 421 millions, en hausse de 61%. À titre comparatif, ils sont en augmentation de 51% dans l'ensemble du Canada, et de 35% aux États-Unis.

Selon Geneviève Morin, coprésidente de Réseau capital, l'Association du capital-risque québécois, cette tendance est due à la qualité des entreprises québécoises innovantes, mais aussi à la mise en place d'un réseau de fonds privés efficaces.

«On a vu dans ce trimestre-ci que les fonds privés ont bien joué leur rôle. Ils sont venus investir 44 millions de dollars alors que, l'année précédente, ils n'en avaient mis que 10. Ils prennent de plus en plus leur place dans le marché.»

En plus de mener au chapitre de la croissance, le Québec se démarque aussi en accaparant 37% des investissements en capital-risque du Canada comparativement à 27% pour l'Ontario.

«Ce n'est pas un hasard, il y a vraiment ici une dynamique importante pour essayer de créer des fonds qui répondent aux différents besoins et qui fonctionnent en complémentarité», explique Geneviève Morin.

Elle prend en exemple la création récente de fonds spécialisés dans les entreprises en démarrage comme le fonds Real Ventures. Au trimestre d'été de 2010, aucun investissement de capital-risque n'avait été réalisé dans les entreprises québécoises de cette catégorie. Cette année, elles ont été une dizaine à se partager 2 millions de dollars.

«C'est prometteur parce que c'est ce qui va nous donner de nouvelles entreprises comme Beyond the Rack, indique Genevière Morin. Cette entreprise a reçu un investissement de prédémarrage il y a quelques années seulement, et elle connait aujourd'hui une croissance phénoménale.»

Beyond the Rack est au nombre des entreprises québécoises qui ont bénéficié d'un investissement majeur au cours du dernier trimestre. Avec ses 19,6 millions de dollars, elle vient au deuxième rang derrière les 39,1 millions de la biotech Enobia, mais devance LumenPulse et ses 16 millions.

À elles seules, ces trois entreprises montréalaises accaparent plus de la moitié des investissements en capital-risque effectués au Québec au cours du dernier trimestre.