Le gouvernement serait bien avisé d'élargir la portée du régime de rentes du Québec comme solution à la crise des régimes de retraite, avance Luc Maurice, président du Groupe Maurice, un exploitant de résidences pour personnes âgées.

«Je n'arrive pas à comprendre que dans un pays comme le nôtre, on trouve beaucoup de gens qui ont travaillé très fort toute leur vie dans des petites entreprises et qui ont 0$ en revenus de pension, sauf ceux du régime de rentes, et que d'autres qui ont peut-être travaillé aussi fort ou moins longtemps ont eux une pension. Les deux ont travaillé autant et ont contribué autant à la communauté. Ce n'est pas correct, selon moi», dit l'homme d'affaires.

Longtemps cité en exemple, le régime de retraite en vigueur au Québec craque de partout. Ce système à deux vitesses repose sur la pension de vieillesse du Canada, le régime de rentes, le régime privé de l'employeur (quand il y a en un) et les économies du retraité dans ses REER (ou ce qu'il en reste après les crises à répétition). Exemple révélateur: la Ville de Montréal dépensera plus en 2011 en contribution à ses régimes de retraite qu'au financement à la Société des transports de Montréal. Une première, d'après le journal Les Affaires.

À l'européenne

En côtoyant au quotidien ses 5200 locataires retraités, M. Maurice constate leur insécurité à l'égard de leurs économies de retraite.

L'homme d'affaires préconise un régime de retraite à l'européenne, modulé en fonction des revenus du travailleur et des années travaillées. «Il ne serait pas tellement différent de notre régime de rentes actuel», précise-t-il.

Le chef d'entreprise a un intérêt à ce que les retraités continuent de toucher de bons revenus. La capacité de ses locataires à pouvoir continuer de payer le loyer mensuel moyen de 1550$ constitue un risque d'affaires.

Actuellement, le montant de la rente de retraite équivaut à 25% de la moyenne mensuelle des revenus sur lesquels le travailleur a cotisé, si celui-ci demande sa rente de retraite à 65 ans. Luc Maurice aimerait que cette proportion dépasse les 50% ou plus et que le régime élargi finisse par remplacer les régimes complémentaires qu'offrent les employeurs privés et publics.

D'après lui, l'implantation du régime augmenterait la mobilité de la main-d'oeuvre. De plus, cela soulagerait les gros employeurs, y compris les gouvernements, de lourdes charges associées au renflouement obligatoire des régimes complémentaires de retraite. Son idée, par contre, risque de déplaire aux PME, dont un grand nombre n'ont pas de régime de retraite. Elles verraient leurs taxes sur la masse salariale augmenter considérablement, ce qui nuirait à la création d'emplois.