L'avenir de la captation de mouvements au Québec se jouera-t-il à Matane? Le Cirque du Soleil, le studio de jeu vidéo Ubisoft et une dizaine d'autres entreprises de renom dans l'utilisation des nouvelles technologies font ce pari audacieux.

Le Cégep de Matane inaugurera aujourd'hui son nouveau Centre de développement et de recherche en imagerie numérique (CDRIN), bâti au coût de 6 millions de dollars avec comme objectif de réunir dans la région du Bas-Saint-Laurent toutes les technologies de pointe en matière de captation de mouvements et d'imagerie numérique. «Il n'y a aucun autre centre de recherche comme le nôtre en Amérique du Nord», dit Émery Béland, directeur du Cégep de Matane et président du conseil d'administration du CDRIN.

«L'intégration des différentes technologies est unique au monde. C'est la grande force du CDRIN», dit Yves Jacquier, responsable de la recherche universitaire chez Ubisoft Montréal.

Le Cirque du Soleil, qui n'a pas de studio interne de captation de mouvements, aimerait un jour concevoir ses acrobaties d'abord sur des logiciels de captation de mouvements. C'est pourquoi l'entreprise québécoise est si enthousiasmée par le projet du Cégep de Matane. «Nous espérons être un partenaire le plus important possible pour recréer des performances acrobatiques dans des environnements virtuels. Ces mouvements acrobatiques sont la partie la plus difficile (à reproduire numériquement)», dit Garry Savage, directeur du Centre de recherche en innovation de la performance au Cirque du Soleil.

Le CDRIN serait le deuxième studio de captation de mouvements au Québec, derrière celui du studio de jeu vidéo Ubisoft, l'un de ses partenaires. En matière de superficie, le CDRIN sera le plus grand de la province avec ses 8000 pieds carrés. Le plus important studio de captation au pays reste toutefois celui d'Electronic Arts à Vancouver, où sont produits les jeux vidéo NHL, FIFA Soccer, NBA Jam. «Toutes les industries font de la recherche sur les différentes technologies de captation de mouvement, que ce soit par ondes radio, par caméra ou par la lumière, mais c'est de plus en plus difficile pour une entreprise de suivre toutes ces technologies en même temps», dit Yves Jacquier, d'Ubisoft Montréal.

Recherche

En plus de la captation de mouvements, le CDRIN se spécialisera dans la recherche liée à la numérisation et à l'analyse des mouvements. Les PME du milieu du divertissement y côtoieront les multinationales comme Ubisoft. En plus d'une dizaine de chercheurs, la centaine d'élèves au DEC en animation 3D pourront profiter des installations, financées par le Cégep de Matane (2,7 millions), le secteur privé (2,2 millions sous forme d'équipements et de logiciels) et les gouvernements du Canada (435 880$) et du Québec (653 820$). Le budget annuel de 250 000$ sera assumé par les organismes de développement économique de la région du Bas-Saint-Laurent. Le CRIN louera certains de ses locaux au secteur privé pour des projets de recherche.

Outre Ubisoft et le Cirque du Soleil, le CDRIN compte notamment comme partenaires le fabricant de logiciels Autodesk et Quattriuum, le fabricant de caméras et de logiciels Vicon Motion Systems, le producteur montréalais de captation de mouvements TrailerCode, le producteur d'animation 3D Quartz Communications ainsi que les studios de jeu vidéo Frima et Hibernum.