Alors que son entreprise vient d'éviter la faillite, le président de PR Maintenance, Pierre Robitaille, a passé la fin de semaine en voyage à Las Vegas avec plusieurs cadres de l'entreprise.

Selon nos informations, les principaux dirigeants de la firme d'entretien ménager étaient accompagnés de leurs épouses pour un séjour de quatre jours, entre le jeudi 20 octobre et le dimanche 23 octobre. L'ex-président du FIER, Alain Lambert, devait également être du voyage, mais sa présence a été annulée à la dernière minute, selon deux sources. Le FIER est le fonds d'intervention économique régional, financé à 66% par le gouvernement du Québec.

Il y a quelques jours, PR Maintenance a conclu une entente avec ses créanciers, ce qui lui a permis d'éviter la faillite. Au terme de l'opération, la Banque de développement du Canada (BDC) et la Caisse de dépôt et placement ont globalement perdu 2 millions de dollars, nous a confirmé la BDC. Ces deux organismes ont prêté des fonds à PR par l'entremise du fonds Alterinvest II, dont ils sont commanditaires.

Au programme du voyage à Las Vegas: spectacle des Beatles, repas gastronomiques et chambres luxueuses. Pierre Robitaille a emménagé à l'hôtel Bellagio, où les chambres se louent à plus de 300 $ la nuit, tandis que ses invités ont logé à l'hôtel Vdara, où les chambres les moins chères sont à 250 $ la nuit. La facture du séjour a été entièrement payée par l'entreprise, selon nos informations. Elle se serait élevée entre 25 000 $ et plus de 50 000 $.

Joint par courriel, Pierre Robitaille n'a pas nié la nouvelle. Il affirme toutefois que son entreprise n'est pas publique et ne veut donc pas donner de détails. «Les voyages s'organisent et sont payés de six mois à un an d'avance», dit-il.

L'homme d'affaires précise que Las Vegas était l'hôte du congrès de l'ISSA, soit l'International Sanitary and Supply Association. Il s'agit de l'association des firmes d'entretien ménager, dont PR Maintenance est membre. Un autre congrès se tenait à Las Vegas, en fin de semaine, celui du Building Service Contractor Association International, dont PR est également membre.

«Nos programmes de formation ne vous concernent pas. Nous pouvons cependant affirmer que tout le temps qu'on investit à former nos employés, à assister à des congrès sur l'industrie de l'entretien ménager ou autres, nous permet de nous distinguer de la compétition par les services que nous rendons selon les plus hauts standards de l'industrie. C'est ce qui rend une entreprise forte et des clients satisfaits», nous a-t-il écrit.

PR Maintenance doit encore un million de dollars au fonds public FIER malgré l'entente du 12 octobre dernier. Parmi ses clients, on retrouve la SAQ et l'Agence du revenu du Canada, notamment.

Ces derniers mois, l'organisation a été exclue de plusieurs appels d'offres en raison de ses infractions répétées aux normes du travail de l'industrie. Le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ), le Collège de Rosemont et la Bibliothèque nationale ont refusé de faire affaire avec elle pour cette raison, selon des documents déposés en cour.

PR fait affaire principalement avec des travailleurs autonomes plutôt que des salariés. Les travailleurs autonomes ne sont pas visés par le décret de l'industrie et peuvent donc être payés moins que le taux horaire du décret, d'environ 15$.

Joint au téléphone jeudi dernier, Alain Lambert nous a assuré qu'il n'était pas et qu'il n'irait pas à Las Vegas durant la fin de semaine. Il n'a pas voulu nous dire s'il avait été exclu du voyage à la dernière minute ni nous donner les raisons de cette exclusion. Il n'a pas davantage été possible de savoir si le voyage lui avait été offert gracieusement par PR.

Rappelons que le fonds CPVC, dont Alain Lambert est coactionnaire, a perdu des centaines de milliers de dollars dans l'affaire PR Maintenance. Alain Lambert aurait lui-même perdu personnellement beaucoup d'argent.

Dans un récent courriel déposé en cour, le frère de Pierre Robitaille, Simon, a écrit qu'Alain Lambert devait toucher une commission secrète de 700 000 $ s'il parvenait à faire accepter le refinancement de l'entreprise. Pierre Robitaille et Alain Lambert ont nié catégoriquement cette information.