La firme de consultation McKinsey&Company, qui fêtera ses 20 ans au Québec en décembre prochain, veut enrayer les dépassements de coûts dans les grands projets d'infrastructures de la province.

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«On pourrait s'équiper d'une équipe de gestion plus musclée au gouvernement. Ça vaudrait la peine d'aller chercher encore plus d'expertise pour réaliser les nombreux projets qui s'en viennent», dit Éric Lamarre, nommé associé directeur de McKinsey&Company au Canada au début du mois de septembre.

La firme de consultation, qui compte 7 des 10 plus importantes entreprises du Québec parmi ses clients dont Desjardins, Bombardier et Rio Tinto Alcan, veut faire profiter le secteur public de son expertise. «Nous savons comment faire avancer des projets et comment les faire terminer à temps. Les gens qui gèrent beaucoup de ces projets d'envergure savent comment minimiser les risques. Il faut bâtir une expertise quelque part au gouvernement, peut-être à Infrastructures Québec, pour être capable de piloter des projets d'envergure», dit Éric Lamarre, premier Québécois à diriger McKinsey&Company au Canada.

S'il ne veut pas se prononcer sur les allégations de corruption dans l'industrie de la construction, Éric Lamarre a une solution pour alléger la facture des projets d'infrastructures québécois: les partenariats public-privés (PPP). «C'est simple, les gouvernements n'ont pas d'argent et il faut trouver une façon d'impliquer le secteur privé», dit-il.

La firme fondée à Chicago en 1826 croit aussi que le gouvernement du Québec devra améliorer la productivité dans les services publics. «Il faudra être plus productif si on veut améliorer notre qualité de vie et la qualité de nos services publics, dit Éric Lamarre. Le grand défi du gouvernement, c'est de faire des changements opérationnels à une aussi grande échelle.»

Plus grande firme de consultation au monde avec 8500 consultants, McKinsey&Company compte parmi ses clients la plupart des grandes multinationales et plusieurs gouvernements au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique du Sud. À l'échelle mondiale, la firme est dirigée par le Canadien Dominic Barton. Au Canada, elle compte 200 consultants. Le nouveau patron Éric Lamarre gardera son bureau à Montréal (60 consultants) mais passera beaucoup de temps à Toronto (115 consultants) et Calgary (25 consultants). «Il y a beaucoup d'occasions d'affaires dans l'Ouest. J'aimerais que le bureau de Calgary soit aussi grand que celui de Montréal d'ici la fin de mon mandat dans quatre à six ans», dit Éric Lamarre, qui est le neveu de l'ex-PDG de SNC-Lavalin, Jacques Lamarre.

À 46 ans, on pourrait penser qu'Éric Lamarre est plutôt jeune pour diriger la plus importante firme de consultation au pays. C'est mal connaître l'univers de McKinsey&Company, surnommée «l'usine à PDG». «Je suis le deuxième plus vieux du bureau de Montréal», dit cet ingénieur de formation en riant. Au cours des 20 dernières années, environ 120 consultants ont quitté le bureau montréalais de McKinsey pour d'autres cieux dans le secteur privé. Son plus célèbre expatrié? Nul autre que Patrick Pichette, chef des finances de Google.

Avec la promotion d'Éric Lamarre, Éric Gaudet, 39 ans, devient le nouvel associé directeur du bureau montréalais de McKinsey. Son plan pour assurer la croissance de McKinsey au Québec? Cibler les entreprises de taille moyenne avec des ambitions internationales. «Après 20 ans, le bureau de Montréal passe à l'âge adulte. Nous voulons aider des entreprises ambitieuses à l'international et bâtir plus de champions mondiaux au Québec», dit l'ancien avocat chez Stikeman Elliott qui a aussi été cadre chez Bombardier. McKinsey&Company continuera de soutenir plusieurs organismes au Québec, dont la Fondation de l'OSM et KAMPE, une fondation humanitaire venant en aide à Haïti qui a été cofondée par Régine Chassagne du groupe Arcade Fire.