Le premier ministre Jean Charest s'est défendu dimanche de venir offrir les ressources naturelles du Québec à rabais aux entrepreneurs chinois.

«Nous allons vendre nos ressources à un prix qui est bon pour les Québécois», a fait valoir M. Charest à son arrivée à Pékin pour une mission commerciale d'une semaine à la tête d'une cinquantaine de représentants du monde des affaires et d'institutions diverses.

Le premier ministre a entrepris sa troisième mission dans l'empire du milieu depuis 2005 en inaugurant une exposition de produits québécois - sirop d'érable, gelée royale, jus de bleuet, miel, cidre de pomme et autres - dans un centre commercial très chic de la capitale chinoise.

Avec le Plan Nord comme carte de visite, le chef du gouvernement libéral espère susciter, entre autres, des investissements importants dans le secteur minier.

Propulsée par une croissance économique annuelle dans les 10% et avec une population de plus de 1,2 milliard de personnes, la Chine se développe à vitesse grand V. La construction y est frénétique: chantiers routiers, tours de bureaux gigantesques et habitations multiples se déploient à perte de vue.

Des données indiquent que pas moins de 30 millions de Chinois intègrent chaque année les rangs de la classe moyenne, soit l'équivalent de la population canadienne au grand complet.

L'urbanisation accélérée du pays nécessite des quantités astronomiques d'acier et d'alliages, ce qui a fait bondir la demande en minerai de fer.

«Les Chinois consomment 60% du minerai de fer exploité aujourd'hui dans le monde. Ils ont un appétit insatiable pour ce type de ressource et malgré les turbulences économiques, il n'y a pas suffisamment d'offres pour la demande. Et je parle uniquement du minerai de fer», a évoqué le premier ministre.

Du même souffle, M. Charest a rejeté du revers de la main les critiques de l'opposition péquiste et des groupes environnementaux qui lui reprochent de brader les ressources naturelles du Québec.

«Le Québec est aligné sur les modes de prélèvement reconnus internationalement et on est déjà 28 pour cent plus élevé que la moyenne canadienne. Il est faux de prétendre que le Québec vend ses ressources en deçà des prix qu'il devrait exiger, ce n'est pas vrai, c'est une fausseté», a-t-il insisté.

L'an dernier, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a fait passer le taux des redevances de 12 à 16 pour cent. Investissement Québec a aussi réservé 500 millions de dollars pour participer à certains projets.

Mais pour le Parti québécois et plusieurs environnementalistes, les Québécois n'en ont pas pour leur argent. Ils exigent que le calcul des redevances soit basé sur les revenus plutôt que sur les profits des minières.

Dans un secteur d'activité aussi compétitif que celui de l'exploitation des ressources minérales, il vaut mieux se montrer raisonnable, rétorque le ministre du Développement économique, Clément Gignac, qui accompagne M. Charest dans son périple chinois.

«Il faut regarder ce qui se fait à l'échelle internationale. Vous savez, si vous demandez 50% de redevances sur zéro activité, bien ça va vous donner zéro. Donc, il faut être raisonnable aussi», a-t-il analysé.