Le tourisme de congrès à Montréal a connu un bond spectaculaire depuis la fin de la récession, mais l'incertitude économique risque de se faire ressentir pour plusieurs années pour les entreprises qui oeuvrent dans ce lucratif créneau.

Le nombre de congrès a explosé de 213 à 314 de 2009 à 2010, selon les données de la Ville de Montréal. Ces événements ont généré des retombées de 424 millions de dollars l'an dernier, une hausse de 26 % par rapport à l'année précédente.

Grâce à cette hausse, le nombre de congrès se rapproche du niveau atteint avant la récession. Un sommet de 317 congrès ont été tenus en 2008. Le Palais des congrès et Tourisme Montréal s'attendent à une meilleure année encore en 2011.

«On croit que l'économie, tant américaine qu'internationale, a gagné en confiance face à la reprise, constate Chrystine Loriaux, directrice du marketing au Palais des congrès de Montréal. La crise économique était derrière nous depuis un an.»

Repli en vue

Reste que l'embellie observée depuis deux ans sera de courte durée. Les congrès sont planifiés plusieurs années à l'avance et bien des organisations ont retardé ou annulé leurs rassemblements depuis le début de la récession. Et la crainte d'une nouvelle récession force les entreprises à y penser par deux fois avant de dépêcher des employés aux quatre coins du monde pour assister à des congrès.

Tourisme Montréal s'attend d'ailleurs à un recul du tourisme de congrès en 2012, un repli qui devrait durer jusqu'en 2014.

«Les Américains sont en période d'incertitude économique et c'est très difficile, cette année, affirme le président de l'organisme, Charles Lapointe. Les Américains hésitent beaucoup avant de réserver pour leurs congrès à l'extérieur des États-Unis.»

La métropole a tout intérêt à attirer les congressistes pour plusieurs raisons. En outre, ces rassemblements ont généralement lieu hors de la haute saison touristique, permettant aux hôtels et aux restaurants de maintenir leur achalandage dans les périodes creuses.

Mais surtout, les touristes d'affaires dépensent en moyenne 295 $ par jour pour se loger, se nourrir et se divertir. C'est deux fois plus que les touristes d'agrément, qui dépensent en moyenne 145 $ par jour.

La situation inquiète les hôteliers, même ceux dont les visiteurs de plaisance constituent la principale clientèle. Le Groupe Antonopoulos, qui exploite cinq hôtels et cinq restaurants dans le Vieux-Montréal, est du nombre. Si le nombre de congressistes diminue, les hôtels qui ont l'habitude de les héberger lui livreront une concurrence plus féroce pour attirer les autres visiteurs.

«C'est quelque chose qui nous alarme un peu, confie Dimitri Antonopoulos, vice-président marketing du Groupe. Il va falloir qu'on fasse des efforts supplémentaires pour combler cette lacune.»