Même si Québec a augmenté les redevances minières de 12 à 16 pour cent dans son dernier budget, la province demeure malgré tout pour les entreprises «l'une des juridictions les plus attrayantes au monde», conclut une étude dévoilée mercredi à Montréal.

L'un des auteurs au Québec de l'étude menée à l'échelle mondiale par Grant Thornton International affirme que l'industrie minière peut se réjouir du Plan Nord du gouvernement Charest, présenté le 9 mai. L'étude appelle globalement à restreindre les mesures gouvernementales dans l'industrie.

Sur une période de 25 ans, le gouvernement du Québec dit pouvoir entraîner des investissements de plus de 80 milliards $ en y intégrant le développement minier, entre autres.

Selon Anand Beejan, associé et spécialiste du secteur minier chez Raymond Chabot Grant Thornton, l'étude confirme que le territoire visé demeure l'un des bons endroits pour investir dans le secteur minier, «malgré le fait» que les redevances minières aient été bonifiées de 12 à 16 pour cent dans le dernier budget 2010-2011.

Seulement au Québec, des investissements miniers de l'ordre de 10 milliards $ ont été annoncés en mai, ce qui fait de la province «l'une des juridictions les plus attrayantes au monde», ajoute-t-il.

Voyant l'avenir sous un angle bien différent, le Parti québécois et le Mouvement Desjardins, entre autres, ont déjà émis des doutes sur la contribution du Plan Nord à l'amélioration des finances publiques.

Si elle prend le pouvoir, la chef du PQ, Pauline Marois, a dit la semaine dernière vouloir revoir en profondeur le régime de redevances imposé aux minières. Elle propose d'appliquer un taux de 30 pour cent sur les profits excédentaires, soient ceux enregistrés en surplus d'une première tranche d'environ huit pour cent de profits après impôt, selon le modèle australien.

Mme Marois faisait valoir l'importance que les contribuables tirent leur «juste part» de l'exploitation du sous-sol québécois.

Précédemment, une étude du Mouvement Desjardins avait conclu que les retombées attendues du Plan Nord ne contribueront pas de façon significative à l'amélioration des finances publiques, surtout si l'on tient compte des investissements publics importants qu'il suppose au départ.

Cette étude indiquait que même en ayant bonifié les redevances minières de 12 à 16 pour cent dans le budget 2010-11, le Québec est loin de certains autres pays, Desjardins citant également le cas australien.

L'étude de Grant Thornton appelle par ailleurs à éviter de considérer l'exploitation minière comme étant une source de revenus inépuisable, et de reconnaître qu'une «intervention excessive (des gouvernements) étouffe les nouveaux investissements et l'exploration de nouveaux gisements».

L'intervention de l'État dans le secteur minier génère un niveau élevé d'incertitude et menace actuellement la croissance à long terme de l'industrie minière et l'«effervescence» de l'économie mondiale, soutient l'étude de Grant Thornton International.

Les modifications à la législation fiscale, la «nationalisation» des ressources et les lois environnementales poussent la complexité «à des niveaux graves» pour les sociétés minières, et constituent une menace pour les prix des matières premières, font valoir les auteurs.

À cet égard, l'étendue des interventions du gouvernement contribuerait à augmenter le niveau de risques pour les investisseurs, ce qui porterait ombrage à la valeur des entreprises et rendrait plus difficiles les gains en capitaux, selon Grant Thornton International.