Patrice Laperrière a appris le russe dans un contexte fort agréable, mais à la dure. Avec une scientifique de 82 ans chez qui il logeait, avec qui il regardait souvent la télévision... et qui ne parlait ni anglais ni français. «Dans l'eau creuse, on apprend à nager!», lance-t-il.

C'était en 2000. Il venait d'obtenir un diplôme en sciences politiques à l'UQAM et, après avoir fait une tournée des ambassades en Europe de l'Est, il a décidé de demeurer à Moscou. Là-bas, il est devenu ami avec un journaliste russe qui suivait des cours d'anglais avec un professeur qui arrivait toujours en retard de 15 minutes à leurs rendez-vous. «Un jour, mon ami a suggéré au professeur de l'appeler de chez lui pour lui donner les cours par téléphone», raconte-t-il.

L'idée de base d'English-by-Phone était lancée: unir des professeurs à des Russes souhaitant apprendre l'anglais. Créé à la fin de 2006, le service attirait au départ élèves et professeurs au compte-gouttes. «C'était difficile, avoue son fondateur. Les gens ne croyaient pas qu'on allait les unir à de vrais professeurs. Jusqu'à la diffusion d'un reportage de cinq minutes sur notre service à la télé russe en 2007. Ç'a alors crû de façon exponentielle.»

Aujourd'hui, English-by-Phone compte 90 professeurs, payés 12 $ l'heure. D'autres entreprises, comme Place à l'anglais, offrent des cours au téléphone parmi leurs services. English-by-Phone offre des cours de 30 minutes essentiellement par téléphone ou sur Skype. «Les clients choisissent leur horaire et on procède au jumelage, dit Patrice Laperrière. En Russie, certaines personnes ont suivi leur cours dans leur voiture, coincées dans un bouchon. Au Canada, personne à ma connaissance ne suit de cours dans sa voiture, mais on voit qu'une telle flexibilité répond à un besoin.»

En quatre ans, les professeurs d'English-by-Phone ont donné près de 100 000 leçons partout dans le monde. Au Canada, le nombre s'élève à 12 000. L'entreprise a en effet établi il y a un an ses quartiers virtuels au Canada en créant un lien d'affaires avec la société spécialisée en technologies web Global Lingua, de Saint-Lambert. «L'objectif ultime est de donner un service 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, explique Alain Lépine, vice-président, développement des affaires de Global Lingua. Beaucoup de gens voyagent et continuent de suivre les cours, par exemple.»

English-by-Phone est déjà présente au Brésil, en Pologne et en France. Ses dirigeants pensent maintenant à l'Argentine, la Chine, l'Allemagne, le Japon, la Corée, le Mexique, l'Espagne et la Turquie.

En 2009, le chiffre d'affaires de l'entreprise franchissait le million de dollars. «On aimerait 30% de croissance par année», affirme Jonathan Moquin, président et chef de la direction, technologie, de Global Lingua.

«Il faut améliorer la plateforme technologique, souligne Alain Lépine. Les élèves apprécient les résumés de cours, par exemple. On est donc en train de mettre au point une interface pour eux. On conçoit aussi une offre pour les entreprises. Les gens en ressources humaines veulent notamment s'assurer que leur employé qui suit des cours s'améliore, qu'une certaine évaluation soit faite.»

Au-delà de la technologie, la croissance passe aussi par l'embauche de représentants. «Pour grandir, je ne crois pas au fait de traduire simplement le site web et d'offrir des cours en ne payant que par carte de crédit, comme le service Englishtown notamment, estime Patrice Laperrière. Je veux un représentant sur place. Je crois au fait d'avoir un partenaire local dans chaque pays.»

English-by-Phone restera, par ailleurs, un service de cours exclusivement d'anglais. «L'anglais, c'est l'esperanto, dit Patrice Laperrière. Quand on a fait notre étude de marché en Russie, on a demandé : avec qui parlez-vous le plus anglais? C'était avec des Polonais, des Italiens et des Allemands. Les Anglais et les Américains arrivaient en bas de liste.»