La multinationale française Lagardère vient d'acquérir une PME de Candiac qui, en 20 ans, s'est hissée au quatrième rang des distributeurs de chocolat du Canada.

Le nom d'Euro-Excellence n'est pas aussi connu que Nestlé, Lindt ou Kraft. Mais cette petite entreprise de la Rive-Sud joue dans la cour de ces grandes sociétés, forte d'une croissance spectaculaire depuis sa fondation, en 1990.

L'entreprise a été fondée par André Clémence, un immigrant français qui a travaillé comme pâtissier dans son pays d'origine. Elle se spécialise dans l'importation de chocolats fins et de bonbons européens. Elle a notamment introduit les marques Valrhona et Banania dans les commerces canadiens.

Au début, André Clémence trimballait sa marchandise dans le coffre de sa Renault 5. Aujourd'hui, Euro-Excellence compte près de 50 employés, dont 23 représentants. Elle écoule 400 tonnes de chocolat chaque année, ce qui en fait le quatrième distributeur du pays.

Par l'entremise de sa filiale LS Distribution North America, le Groupe Lagardère met la main sur 75% des parts d'Euro-Excellence. Le total de la vente reste privé. M. Clémence, 61 ans, n'entend pas se retirer sur ses terres. Il demeure propriétaire de son entreprise à 25%. La transaction prévoit aussi qu'il restera à la barre d'Euro-Excellence pour au moins trois ans.

Le Groupe Lagardère, présent dans une quarantaine de pays, est surtout connu pour ses activités dans les médias. Il possède en outre le magazine Paris Match ainsi que les maisons d'édition Larousse et Hachette.

Distribution

Pourquoi une multinationale des médias s'intéresse-t-elle à une petite entreprise qui distribue du chocolat fin? Parce que Lagardère est également un important distributeur de revues et de publications spécialisées. LS Distribution North America fournit 3000 points de vente, notamment des kiosques de presse dans des aéroports. Une autre filiale de Lagardère possède d'ailleurs La Maison de la Presse internationale.

Or, souligne le vice-président développement des affaires de LS Distribution, Nicolas Libbrecht, les ventes de journaux et de revues périclitent, les consommateurs se tournant vers des publications sur le web ou sur des tablettes électroniques. Pour faire face à la situation, la société veut proposer de nouveaux produits à sa clientèle.

«Si la presse décline, notre métier de base, à nous, reste la distribution, souligne M. Libbrecht. Donc on peut très bien distribuer d'autres produits pour les mettre en marché dans notre réseau de magasins pour compenser les pertes.»

En plus des confiseries, l'entreprise souhaite miser sur la vente de la papeterie, des jouets, des cadeaux et des accessoires de voyage. L'acquisition d'Euro-Excellence lui permet par ailleurs d'accéder à un tout nouveau réseau de détaillants. Le distributeur de chocolats fait surtout affaire avec des supermarchés et des boutiques d'alimentation, un type de commerce que ne dessert pas LS Distribution.

«Ce sont des réseaux où, éventuellement, on va pouvoir croiser nos produits, indique M. Libbrecht. Donc on passe de 3000 à 6000 points de vente par cette acquisition. On élargit notre distribution et, ça nous donne aussi l'occasion de croiser nos portefeuilles de produits dans chacun de nos réseaux.»