Lors de sa première émission d'actions, le Fonds de solidarité de la FTQ a récolté 559 490$. Depuis les 12 dernières années, il en vend pour plus de 550 millions par année. En 28 ans d'existence, le populaire fonds syndical a vendu des actions pour une valeur globale de 10,8 milliards.

À n'en pas douter, le Fonds de la FTQ jouit d'une immense popularité au Québec. Et ce, peu importe la performance de ses gestionnaires de portefeuille et de ses placements dans le capital de risque.

Quelle est la recette de sa popularité? Eh oui! Ce sont les deux crédits d'impôt de 15% chacun accordés par les gouvernements de Québec et d'Ottawa. Ce qui réduit automatiquement le coût d'un placement dans le Fonds de la FTQ de 30%. Cela séduit manifestement les épargnants puisque le fonds compte maintenant 583 235 actionnaires.

Le Fonds de solidarité doit évidemment une fière chandelle aux deux ordres de gouvernement.

Après tout, sur les 10,8 milliards de dollars d'actions émises, les deux gouvernements ont dû accorder aux épargnants, selon nos calculs, des réductions d'impôt d'un total de 3,3 milliards. De 1983 à 1995, les crédits d'impôt totalisaient 40%. Par la suite, ils ont été réduits à 30%.

Convenons que c'est une méchante beurrée fiscale à éponger pour Québec et Ottawa. Mais la question primordiale: stimuler ainsi l'achat d'actions du Fonds de la FTQ, est-ce un mauvais «placement» pour les gouvernements? Non!

Il ne faut pas oublier que les gouvernements investissent, bon an, mal an, des milliards et des milliards de dollars dans une montagne de programmes d'aide financière aux entreprises dans le but de créer et surtout de sauver des emplois. Comme les PME québécoises ont énormément de difficulté à dénicher du capital de risque pour pouvoir poursuivre leur croissance, ou simplement survivre pendant les périodes économiques difficiles, il est évident que le Fonds de la FTQ constitue une source importante de capitaux.

Dans le but de faire taire ses dénigreurs, le Fonds de la FTQ a demandé à SECOR et à Regional Data Corporation (RDC) d'analyser l'impact économique de ses investissements dans les PME québécoises.

L'étude de SECOR et RDC révèle que les gouvernements de Québec et d'Ottawa récupèrent les crédits fiscaux accordés aux actionnaires du Fonds FTQ en l'espace de 4,3 années quand on fait strictement référence aux recettes fiscales directes (impôts, taxes) qu'ils engrangent à la suite des investissements effectués par le fonds dans les PME.

Quand SECOR et RDC tiennent également compte des recettes parafiscales (CSST, RAMQ, RRQ, etc.), ils calculent que les gouvernements récupèrent leurs crédits d'impôt en une période de 2,7 années.

Les dénigreurs des fonds de travailleurs refusent de prendre pour du «cash» ce genre d'études sur les retombées économiques des investissements du Fonds de solidarité dans les PME québécoises.

Quoi qu'il en soit, aucun d'entre eux, à ma connaissance, n'a réussi jusqu'à présent à démontrer noir sur blanc que les crédits d'impôt versés aux actionnaires du Fonds de la FTQ étaient de l'argent gaspillé.

Les dirigeants du Fonds FTQ aiment bien faire valoir à leurs actionnaires qu'ils réalisent un bon rendement lorsqu'ils ne considèrent que la réelle somme investie après déduction des 30% de crédits d'impôt. Un actionnaire qui a investi la même somme chaque année a obtenu, disent-ils, un rendement annualisé de 13,1% sur 7 ans et de 9,5% sur 10 ans.

Bien que les chiffres soient exacts, je n'aime pas ce genre d'exercice mathématique qui risque de semer la confusion sur la réelle performance du plus populaire véhicule de placement REER du Québec.

Par contre, voici des chiffres qui démontrent à sa face même que le Fonds de la FTQ n'est finalement pas aussi risqué que le laissent entendre ses placements dans les PME.

Sur les 10,8 milliards de dollars d'actions achetées depuis le début du fonds, les actionnaires ont globalement récupéré jusqu'à présent 7,8 milliards, soit 3,3 milliards en crédits d'impôt et 4,5 milliards en rachats d'actions. Il reste donc 3 milliards au bâton alors que l'actif net du fonds est de 8,2 milliards.

Pas pire... la «patente» à Ti-Louis!