Subventions perdues, garanties de prêts à honorer, soutien aux travailleurs licenciés, la fermeture sans avertissement de trois centres d'appels d'IQT coûtera au bas mot des centaines de milliers de dollars aux contribuables québécois.

Lorsqu'on tient compte des sommes que l'entreprise américaine doit au gouvernement, ainsi que les dépenses que celui-ci devra engager pour venir en aide aux quelque 600 employés québécois licenciés, la facture de l'État s'élève déjà autour de 1 million. Cette somme ne comprend pas les prestations d'assurance-emploi, et elle pourrait grimper encore davantage si des travailleurs peinent à se trouver un nouvel emploi ou si IQT doit de l'impôt au fisc.

Emploi-Québec a mis sur pied un comité d'aide au reclassement sur mesure pour les employés des centres d'appels qui ont été mis à la porte il y a 11 jours. Des agents de l'organisme gouvernemental tiennent des rencontres, mettent les travailleurs en contact avec des employeurs potentiels, leur donnent un coup de pouce pour faciliter leur embauche. Ce programme coûte entre 600$ et 800$ par personne qui en profite.

Nordia, filiale de Bell, doit embaucher plusieurs dizaines d'anciens employés d'IQT, jusqu'à 200 selon certains reportages. Ce n'est toutefois qu'une partie des chômeurs: IQT comptait 450 employés à Laval et 140 autres à Trois-Rivières. Si 200 employés profitent d'une aide du comité de reclassement, Emploi-Québec devra verser environ 150 000$.

Emploi-Québec va aussi verser une aide ponctuelle à certains ex-employés d'IQT en vertu du programme de soutien aux travailleurs licenciés collectivement. Les personnes admissibles recevront des prestations qui varient de 660$ par mois, pour une personne seule, à 970$ pour une personne en couple pour une période pouvant s'étirer jusqu'à deux ans. On ignore pour l'heure combien de personnes vont faire appel au programme, qui risque encore d'augmenter la facture de l'État.

«On pense qu'il y a une bonne partie des employés licenciés qui sont admissibles, mais on ne sait pas s'ils le seront tous», explique le porte-parole d'Emploi-Québec, François Lefebvre.

Subventions et garanties

Un autre bras du gouvernement, Investissement Québec, pourrait aussi être forcé de dépenser des milliers de dollars dans la foulée des licenciements collectifs. En 2000, l'organisme gouvernemental s'est porté garant d'un prêt de 665 000$ contracté par la société Expertel, qui a été rachetée par IQT. L'entreprise américaine a honoré cette dette pour un temps, mais elle serait en défaut de paiement. Selon une estimation préliminaire, Investissement Québec pourrait être forcé de payer un peu plus de 100 000$ pour honorer son engagement.

Ce même organisme a écrit aux dirigeants d'IQT, la semaine dernière, pour réclamer le remboursement d'une subvention de 670 000$ versée à Expertel en 2000.

Rappelons qu'IQT, sous-traitant de Bell, a abruptement fermé ses trois centres d'appels au Canada le 15 juillet. Les quelque 1200 employés de l'entreprise américaine se sont vu montrer la porte sans être payés pour leurs dernières semaines de travail.

La Presse Affaires s'est brièvement entretenue avec l'un des propriétaires d'IQT, Alex Mortman, hier. L'homme d'affaires new-yorkais a simplement affirmé qu'il «regrette» la fin abrupte de ses activités au Canada, mais il a refusé de faire davantage de commentaires.