La décision de la Caisse de dépôt et placement du Québec de regrouper tous ses éléments d'actif immobilier au sein de la société Ivanhoé Cambridge sonne le glas de la filiale SITQ, qui a joué un rôle déterminant dans la montée des francophones au sein de l'industrie immobilière commerciale dans le dernier quart de siècle.

La Caisse a complété la réorganisation de ses filiales immobilières le 21 juillet. Après avoir franchi un premier pas en avril dernier, en donnant à son groupe immobilier le nom d'Ivanhoé Cambridge, la Caisse a annoncé il y a deux jours l'intégration pure et simple de sa filiale SITQ au sein d'Ivanhoé Cambridge.

«Suite à plusieurs analyses qui ont démontré que la reconnaissance de la marque d'Ivanhoé Cambridge sur la scène immobilière internationale était beaucoup plus élevée, il fallait faire un choix. Désormais, les activités seront regroupées sous l'appellation Ivanhoé Cambridge», a justifié Margaret Archer, conseillère principale, Communications, Affaires publiques et Marketing, chez Ivanhoé Cambridge.

Jusqu'alors, SITQ se spécialisait dans la détention d'immeubles de bureaux, tandis que la filiale Ivanhoé était active dans le domaine des centres commerciaux.

Une page d'histoire tournée

Une page de l'histoire économique du Québec est tournée. Créée en 1984 avec un capital de 9 millions$, 70 employés et 8 immeubles sous gestion, SITQ a véritablement été la première grande société immobilière francophone au Québec. Elle a en outre formé des cohortes de gestionnaires immobiliers francophones dans un domaine naguère contrôlé par les anglophones. Ce rôle, elle le poursuit encore par son association à la Chaire SITQ d'immobilier, en association avec l'Université du Québec à Montréal.

«L'apport de SITQ a été majeur», dit au téléphone Paul-André Linteau, historien. Le professeur de l'UQAM a coécrit un livre pour les 25 ans de SITQ en 2009, intitulé Investir, construire et habiter le monde, chez Boréal.

«L'objectif au départ était de donner une expertise immobilière aux grandes sociétés d'investissement francophones», souligne -t-il. Le Trust général du Canada, La Laurentienne, la SSQ, l'Industrielle et les caisses de retraite d'Hydro-Québec, de l'Université Laval, de la Banque Nationale, de la Société de transport de Montréal et celle des policiers de Montréal ont participé aux premiers pas de SITQ, se rappelle-t-il.

M. Linteau souligne en outre le rôle joué par SITQ au lendemain du krach immobilier au début des années 1990. «Elle a comme sauvé l'immobilier au Québec à une époque où personne n'achetait plus d'immeubles. SITQ a acheté beaucoup de propriétés, ce qui a ensuite contribué de façon importante au rendement de la Caisse. Ces propriétés ont pris ensuite une valeur considérable au fil des ans».

Au 31 décembre 2010, SITQ avait un actif sous gestion de 17,6 milliards de dollars, 432 employés et des participations dans 121 immeubles de bureaux et 95 hôtels, immeubles multirésidentiels et résidences pour retraités, en Amérique et en Europe.

Une société, quatre présidents

Par ailleurs, la nouvelle Ivanhoé Cambridge comptera pas moins de quatre présidents. Le vrai patron reste Daniel Fournier, à titre de président du conseil et chef de la direction. Kim McInnes, autrefois président d'Ivanhoé Cambridge, devient président, Exploitation. Il aura la responsabilité de la gestion immobilière, du développement, des ressources humaines et des affaires juridiques. William Tresham, président de SITQ devient président, Investissement. Il chapeautera les activités de stratégie, de gestion de portefeuille, de recherche et d'allocation de capital. Finalement, Sylvain Fortier, président Ivanhoé Cambridge Résidentiel, prend le titre de président, Résidentiel.