Investissement Québec n'a pas apprécié la façon «cavalière» dont IQT a congédié ses 600 travailleurs québécois. L'organisme chargé d'attirer des sociétés étrangères exige désormais que l'entreprise américaine lui rende la subvention de 670 000 $ qu'il lui a versée il y a 10 ans.

Le président d'Investissement Québec a fait cette demande formelle dans une lettre envoyée mercredi aux dirigeants d'IQT. «Je vous demande de rembourser la subvention de 669 996 $ qui vous a été versée par Investissement Québec en 2000 pour l'implantation du centre d'appels à Laval, puisque votre entreprise n'a pas respecté la Loi sur les normes du travail, écrit Jacques Daoust. Cette subvention a été versée à même les fonds publics, donc avec les impôts des Québécois.»

IQT a annoncé sans préavis vendredi dernier qu'elle fermait ses trois centres d'appels canadiens. Environ 450 employés ont perdu leur emploi à Laval, 140 à Trois-Rivières et 600 à Oshawa. Ils ne seront pas payés pour leurs deux dernières semaines de travail.

La Loi sur les normes du travail oblige pourtant les employeurs à donner aux salariés un préavis de deux semaines en cas de licenciement. Ils doivent également leur verser une indemnité de congé ou un minimum de 4% du salaire reçu dans la dernière année. Les licenciés n'ont eu droit ni à l'un, ni à l'autre.

«Plus de 590 citoyens et citoyennes du Québec se retrouvent sans emploi et sans documents leur permettant d'avoir accès aux prestations d'assurance-chômage auxquelles ils ont pourtant droit en vertu des lois canadiennes auxquelles votre entreprise est assujettie», déplore dans sa lettre le président d'Investissement Québec.

La missive emploie un ton très dur. Le président d'Investissement Québec note par exemple n'avoir «jamais observé tel un comportement» et soutient qu'IQT est «un très mauvais exemple pour ce grand voisin que sont les États-Unis d'Amérique».

«De grâce, reprenez-vous et ayez une sortie digne. La réputation de votre entreprise vaut beaucoup plus que cela», écrit-il.

Mardi, la Ville de Nashville, au Tennessee, a fait savoir qu'elle était «consternée» par la manière dont IQT avait congédié ses employés canadiens et qu'elle annulait la subvention de 1,6 million accordée à l'entreprise pour venir s'installer chez elle.

«Nous sommes désolés»

Le directeur québécois du Syndicat des métallos, qui représente les employés du centre d'appels de Trois-Rivières, a applaudi mercredi à la requête d'Investissement Québec. Selon Daniel Roy, cet argent «vient de la poche des Québécois et n'a plus rien à faire dans celles de cette entreprise voyou».

Daniel Roy estime par ailleurs que les excuses de David A. Mortman, cofondateur de l'entreprise, sonnent faux. Dans une entrevue au canal Argent, mercredi, il a dit «regretter profondément les conséquences» de la fermeture des centres d'appels.

Il n'a pas voulu s'engager à indemniser les travailleurs licenciés et s'est borné à dire que ses avocats se penchent sur la question. «Nous sommes désolés pour la communauté, nous nous sentons coupables et allons trouver un moyen d'aider les travailleurs, a-t-il dit. Nous sommes tous dans le même bateau.»

Selon Daniel Roy, cette attitude témoigne d'un manque de courage. «C'est trop facile d'être caché dans une tour de bureaux de New York et de conter n'importe quelle sornette à tout le monde, tranche-t-il. S'il a vraiment du courage, qu'il vienne ici avec son carnet de chèques et qu'il rembourse les gens.»