Les voyageurs ont de plus en plus recours à la location de chalets en ligne pour leurs vacances, mais le phénomène planétaire touche moins le Québec en raison de la lourde réglementation qui encadre le secteur, indique une analyse de la Chaire de tourisme Transat publiée hier.

Le phénomène de la location de propriétés en ligne reste encore embryonnaire au Québec, constate la Chaire. Il y aurait 424 000 propriétaires de maisons de vacances au Québec, selon le PMB 2011. Moins de 5000 offres étaient annoncées en juillet 2010 sur chaletsalouer.ca, chaletsuaquebec.com et chaletsqc.com, principaux sites d'annonces, soit environ 1% du total. À titre de comparaison, on évalue entre 10 et 15%, la proportion de résidences secondaires offertes en location en France.

«Rappelons qu'au Québec, la Loi sur les établissements d'hébergement touristique exige des propriétaires qu'ils obtiennent une attestation de classification afin d'exploiter un hébergement touristique. Cet encadrement atténue possiblement l'intérêt des particuliers à offrir leur résidence en location», écrit Aude Lenoir, de la chaire de tourisme Transat. Il s'agit du système de classement des établissements en fonction de ses services et de son luxe, de 0 à 5 étoiles.

L'encadrement est moins strict aux États-Unis, d'après elle.

La Chaire parle de dépenses d'hébergement de l'ordre de 122 millions de dollars dans les chalets loués du Québec, dont la clientèle est à 92% québécoise. Selon des chiffres de 2008 en provenance de Statistique Canada, les clients dépensent en moyenne 98$ par nuit. Elle dort en moyenne 3,08 nuits par séjour.

Les revenus de location de propriétés secondaires s'élèvent à 24,3 milliards US aux États-Unis, d'après la firme PhoCusWright, soit 8% de l'ensemble des dépenses de voyage aux États-Unis.

Grâce à l'internet, les propriétaires ont la possibilité de faire savoir au monde entier que leur propriété est offerte en location. Le produit plaît en particulier aux familles et aux groupes, car ce type d'hébergement offre plus d'intimité et d'espace, écrit Aude Lenoir, de la Chaire. La location y étant souvent meilleur marché que dans les hôtels, les voyageurs en profitent pour prolonger leur séjour d'une ou de plusieurs nuitées. Quant au propriétaire, ces locations lui permettent de récolter un supplément de revenu afin de financer sa maison secondaire.

Comment rejoindre les étrangers?

«Pour la clientèle européenne, les chalets correspondent à la recherche d'une expérience authentique dans la nature. Quant à la clientèle canadienne hors Québec et américaine, les chalets représentent une forme d'hébergement abordable en fonction de l'espace disponible, offrant tout le confort de la maison. Le marché des résidences de tourisme représente une formidable opportunité de croissance pour l'industrie touristique au Québec», écrivait la Chaire dans une précédente analyse, datée, celle-là, du 2 août 2010.

Or, la Chaire n'a répertorié que 436 résidences à louer au Québec sur HomeAway.com, populaire site d'annonces de propriétés de villégiature à louer dans le monde avec ses 16 entreprises proposant 560 000 offres de location en provenance de plus de 120 pays. Homeway.com génère 9,5 millions de visiteurs par mois.

Pour sa part, la Corporation de l'industrie touristique au Québec (CITQ), organisme responsable de la classification de l'infrastructure touristique, souligne que les résidences de tourisme constituent le mode d'hébergement touristique qui a connu la plus grande croissance au cours des dernières années, passant de 1119 à 2329 entre 2002 et avril 2011. Il existe en plus des propriétés non certifiées qui sont louées illégalement.

Selon Magalie Guay, copropriétaire d'HébergementCharlevoix.com, agence de location au service de 180 propriétaires, la réglementation québécoise ne nuit pas à l'offre. «C'est la seule façon de s'assurer d'un bon contrôle et on a quand même beaucoup de maisons à louer dans Charlevoix», dit-elle.

Au Québec, des villes comme Montréal ont imposé par le passé des résidences de tourisme certifiées comme des immeubles commerciaux. Le taux d'imposition y est plus élevé que le taux qui s'applique aux immeubles résidentiels.