Prévue pour janvier prochain, la véritable mise en place d'un marché du carbone au Québec sera reportée d'un an. La Presse Affaires a appris que le gouvernement Charest annoncera aujourd'hui qu'il renonce à imposer des cibles de réduction de gaz à effet de serre aux entreprises avant 2013.

Le Québec suit ainsi la Californie, qui a annoncé la semaine dernière un délai d'un an dans l'imposition de cibles contraignantes à ses entreprises. Le Québec et la Californie font partie des États qui participeront à la Western Climate Initiative (WCI), un système de plafonds et d'échanges de crédits de carbone entre des provinces canadiennes et des États américains.

Selon ce qu'a appris La Presse Affaires, le Québec maintiendra toutefois son entrée officielle dans la WCI dès janvier 2102, même si les cibles contraignantes n'arriveront qu'un an plus tard. En clair, cela signifie que les entreprises devraient connaître leurs obligations de réduction dès cette année et pourront commencer à échanger des droits d'émission l'an prochain. Personne ne viendra cependant taper sur les doigts des entrepreneurs qui polluent trop avant 2013.

L'annonce sera faite aujourd'hui par le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, et du ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, Clément Gignac.

Ces retards dans l'application de la réglementation découlent de problèmes politiques et juridiques dans plusieurs des gouvernements participant à la WCI, dont la Californie, de loin la plus grosse économie du groupe.

En mars, une Cour de San Francisco a obligé la California Air Resources Board à retourner faire ses devoirs et à démontrer qu'un système de plafonds et d'échanges est vraiment la meilleure solution pour réduire les émissions de GES. Notons qu'aux États-Unis, plusieurs républicains opposés au projet font des pressions pour l'enrayer.

Il y a deux semaines, une décision en appel a toutefois autorisé les autorités californiennes à poursuivre leur travail, mais le processus judiciaire avait déjà engendré des retards trop importants.

La gouverneure de la Californie, Mary D. Nichols, a invoqué la semaine dernière « le besoin que tous les éléments nécessaires soient en place et pleinement fonctionnels « pour annoncer le retard. Les groupes environnementaux avaient en général bien accueilli la nouvelle, rassurés par le fait que les cibles de réduction demeurent les mêmes.

Au départ, la WCI devait être lancée en 2012 par le Québec, la Californie, l'Ontario, la Colombie-Britannique et le Nouveau-Mexique. Le Manitoba et cinq autres États américains devaient s'y joindre plus tard.

Or, l'Ontario, la Colombie-Britannique et le Nouveau-Mexique avaient déjà annoncé des retards dans leur participation, si bien que le Québec semblait fin seul à pouvoir se présenter à la ligne de départ le 1er janvier prochain. Le gouvernement Charest, de toute évidence, a préféré calquer son échéancier sur celui de la Californie.