Malgré une nouvelle estimation établissant un énorme potentiel pétrolier sur l'île d'Anticosti, la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, soutient qu'elle nuirait à Hydro-Québec en réclamant la divulgation du montant de redevances que la société d'État pourrait tirer si jamais le gisement est exploité.

L'entreprise Pétrolia, qui a conclu une entente pour récupérer les permis de la société d'État en 2008, a dévoilé mercredi une nouvelle étude confirmant que le sous-sol de l'île recèle l'équivalent de milliards de barils de pétrole.

Le président de l'entreprise, André Proulx, s'est retranché cet hiver derrière les dispositions de confidentialité de l'entente pour refuser la divulgation des redevances promises.

La ministre Normandeau avait affirmé en février que des informations pourraient être rendues publiques à ce sujet, sans toutefois préciser lesquelles.

Son cabinet a fait savoir mercredi que la divulgation d'informations confidentielles pourrait créer un précédent qui nuirait aux relations commerciales de la société d'État.

«La base de la crédibilité d'une société d'État à vocation commerciale ou même d'un gouvernement, ça va de pair avec le respect des principes de loi qui régissent et qui encadrent ces ententes qu'elles prennent», a dit l'attachée de presse Marie-France Boulay.

Le porte-parole péquiste Sylvain Gaudreault n'a pas exclu la possibilité de déposer une motion qui, si le gouvernement l'appuie, pourrait réclamer qu'Hydro-Québec divulgue le montant qu'elle a convenu de retirer d'une éventuelle exploitation.

«Dans un souci de transparence, ça nous prend cette information-là», a-t-il dit en affirmant que cela enverrait un message important à la société d'État.

Mme Boulay n'a pas voulu présumer des suites que le gouvernement pourrait donner à l'initiative du PQ, qui reste encore à préciser d'ici la reprise des travaux parlementaires en septembre.

«On va laisser au caucus le soin d'en être saisi», a-t-elle dit.

Pétrolia a diffusé mercredi un communiqué indiquant que la firme albertaine Sproule Associates a établi que les gisements de l'entreprise québécoise contiennent, dans le meilleur des cas, 30,9 milliards de barils.

Selon ses estimations, il y a 90 pour cent de chances que ce volume atteigne au moins 19,8 milliards de barils et 10 pour cent de chances que le volume soit égal ou supérieur à 48,2 milliards de barils.

Toutes ces questions sont pour le moment théoriques puisque l'entreprise doit encore effectuer des tests pour déterminer le pourcentage de pétrole qui pourrait être extrait du schiste où il se trouve. Ces travaux nécessiteront un financement de 100 à 200 millions $.

Une étude environnementale stratégique doit aussi déterminer quelles activités de forage pourraient être effectuées, pour le pétrole de schiste sur l'île, située au large de la Haute-Côte-Nord, mais aussi pour les autres hydrocarbures de schiste ailleurs dans la province.

N'empêche, l'action de Pétrolia a tout de même fait un bond important de 30 pour cent, mercredi, à la suite de l'émission du communiqué sur le potentiel de l'entreprise. Son titre a clôturé à 2,48 $.

En février dernier, l'action de l'entreprise s'échangeait aux environs de 1,34 $.