Le climat politique empoisonné de Montréal commence à déteindre sur les gens d'affaires, qui sont de moins en moins optimistes quant à la situation économique.

L'indice de confiance mesuré par la chambre de commerce de Montréal a subi en juin sa plus forte dégringolade depuis le début de la récession de 2008, a fait savoir hier son président, Michel Leblanc.

«C'est la contagion de ce qui se passe au niveau politique», a expliqué M. Leblanc, invité hier par la Banque de Montréal à discuter de la conjoncture économique.

L'administration municipale de Montréal, qui vogue de crise en crise, n'aide en rien les entreprises à envisager l'avenir sereinement. En outre, les travaux routiers mal planifiés ajoutent à leur inquiétude. «À cause de la congestion routière, les entreprises commencent à craindre des problèmes pour l'embauche de personnel.»

La morosité locale est aggravée par les soubresauts de la reprise économique mondiale. «Ce que les entreprises constatent, c'est que l'économie est difficile à lire», résume le président de la chambre de commerce. Selon lui, la demande américaine, qui reste anémique, et l'évolution du taux de change demeurent au centre des préoccupations des PME.

Le pessimisme des gens d'affaires montréalais ne se justifie pourtant dans les faits.

L'économie du Québec, et celle de Montréal, se portent plutôt bien, grâce en partie au secteur immobilier.

«La croissance du secteur immobilier à Montréal est la troisième plus forte en Amérique du Nord, après Toronto et Houston», a illustré Victor Pellegrino, vice-président, Services aux entreprises, de la Banque de Montréal.

Le taux de chômage du Québec, à 7,4%, est le deuxième plus bas au Canada, après celui de la région des Prairies, a-t-il fait valoir.

«Ça indique que les entreprises du Québec et de Montréal ont trouvé le moyen de se réinventer un peu», estime le vice-président de la BMO.

Le président de la chambre de commerce a lui-même constaté que, depuis un an et demi, Montréal est la métropole qui se porte le mieux parmi les 25 villes nord-américaines dont il côtoie les représentants. «Mais c'est un peu par défaut, parce que ça va mal ailleurs», convient-il.

Trop jeune pour mourir

Malgré les risques accrus de dérapage au niveau mondial et le marasme américain, Maurice Marchon, professeur à HEC Montréal, estime que la reprise économique se poursuivra. «Le cycle actuel est trop jeune pour mourir», a-t-il dit.

Du côté américain, tant que le secteur immobilier continuera de se détériorer, la reprise se fera attendre. «Le consommateur ne peut pas avoir confiance tant et aussi longtemps que son actif principal perd de la valeur», a-t-il expliqué.

Même au ralenti, les États-Unis continuent de faire mieux que la Canada dans les gains de productivité. C'est ce qui détermine la croissance à long terme, souligne-t-il.

Au Canada, le consommateur est essoufflé et il est normal que les prévisions de croissance soient revues à la baisse, selon lui. «Une croissance de 3% est irréaliste. À 2%, on serait content», estime le professeur.