Malgré une dette plus importante, le bilan financier moyen des ménages québécois ne s'est pas détérioré pour la peine depuis 10 ans, selon une étude des économistes du Mouvement Desjardins qui sera publiée aujourd'hui.

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La raison de ce constat rassurant? En dépit d'une «forte progression des emprunts des particuliers depuis 10 ans», lit-on dans l'étude, la valeur moyenne des actifs des ménages québécois a aussi connu une «hausse soutenue» durant cette période.

Par conséquent, l'une des principales mesures de solvabilité des particuliers, qui s'exprime en multiple de dette par rapport aux actifs, est demeurée pratiquement inchangée au Québec au cours des 10 dernières années.

Selon le constat des économistes de Desjardins, la «très grande majorité des ménages québécois», soit environ 85%, se situent encore dans une «zone de sécurité financière».

C'est-à-dire que leur montant de dette demeure inférieur à 80% de la valeur de leurs actifs totaux, tant immobiliers que financiers.

«C'est plutôt rassurant», écrit l'économiste Hélène Bégin, principale auteure de l'étude. Surtout dans le discours ambiant sur le risque de surendettement des consommateurs qui prévaut dans les milieux économique et financier.

Selon l'analyse de Desjardins, la dette moyenne par ménage au Québec se situe maintenant autour de 65 000$, ce qui représente une hausse significative de 60% depuis une décennie.

Mais en parallèle, la valeur des actifs totaux de ces ménages endettés a progressé de 70% depuis 10 ans, passant d'une moyenne de 145 000$ en 2000 à 250 000$ l'an dernier.

Dans les deux cas, c'est la hausse considérable du prix et de la valeur des propriétés résidentielles depuis 10 ans qui explique un tel gonflement de la dette et des actifs des ménages.

Cette inflation immobilière a pu compenser en bonne partie la rechute importante de valeur des actifs financiers des ménages durant la crise financière et le krach boursier allongé qui ont sévit en 2008 et en 2009.

Dans ce contexte, estiment les économistes de Desjardins, une baisse de 10% de la valeur moyenne des maisons au Québec pourrait avoir un effet négatif sur le bilan financier des ménages qui équivaudrait à la rechute de 35% du marché boursier qui est survenue en 2008.

«Zone d'inconfort»

Par ailleurs, les économistes de Desjardins constatent qu'un «nombre considérable» de ménages québécois, 11% en fait, demeurent dans la «zone d'inconfort» en ce qui concerne leur niveau de solvabilité.

Cette zone comprend les ménages dont les dettes s'élèvent de 80% jusqu'à deux fois la valeur de leurs actifs.

Et ce sont ces ménages au bilan financier inconfortable qui doivent continuer d'être l'objet d'une «attention particulière», suggèrent les économistes de Desjardins.

Quant aux ménages québécois encore plus endettés, c'est-à-dire dont les dettes excédent par au moins deux fois la valeur de leurs actifs, ils sont en fait considérés comme «insolvables» dans l'étude de Desjardins.

Mais autre constat rassurant: le nombre de ces ménages insolvables a diminué au cours de la dernière décennie. Ils représentent environ 4,2% de tous les ménages endettés au Québec, comparativement à 7,6% il y a 10 ans.