Le maire Gérald Tremblay a dévoilé hier sa stratégie de développement économique pour les six prochaines années, un plan de 3,5 milliards de dollars qui vise, pour l'essentiel, à mieux épauler les grands projets.

«Il faut, à la Ville, qu'on puisse faire de l'innovation urbaine et créer un environnement favorable pour les affaires», a affirmé le maire dans un discours devant le gratin du Montréal inc., hier matin.

M. Tremblay a convoqué des dizaines de gens d'affaires afin de présenter sa stratégie pour dynamiser l'économie d'ici à 2017. Il mise sur la «collaboration» entre les entreprises publiques, privées et institutionnelles. Il souhaite aussi modifier la manière dont les organismes de développement travaillent les uns avec les autres. Mais, hormis un programme d'aide aux entreprises en innovation, il n'a annoncé aucune nouvelle mesure pour stimuler l'activité économique.

En revanche, la Ville s'engage à mieux épauler les promoteurs qui lancent des projets d'envergure. La stratégie de développement est dotée d'une enveloppe de 3,5 milliards, dont 3,2 milliards financeront des mesures pour favoriser les grands investissements, essentiellement par des travaux d'infrastructure.

La Ville a, par exemple, déjà débloqué 30 millions pour refaire des rues et bâtir des parcs près du District Griffin, ce mégaprojet immobilier de 500 millions dans l'arrondissement du Sud-Ouest. Elle a également engagé des travaux d'infrastructure majeurs autour des futurs hôpitaux universitaires, le CHUM et le CUSM.

Or, bien d'autres chantiers ont besoin d'un coup de pouce de la Ville, souligne le responsable du développement économique de l'administration Tremblay, Richard Deschamps.

«Ces projets, parfois, s'ils ne sont pas accompagnés, ils ne se feront pas du tout», a-t-il résumé.

Il cite en exemple un projet de construction à la Pointe-Nord, à L'Île-des-Soeurs, ainsi que la reconversion de l'ancien Institut des sourds muets, dans le quartier Villeray, que la Ville compte aider par des travaux d'infrastructure.

Le plan du maire vise à créer un environnement favorable aux affaires. Comme plusieurs villes occidentales, Montréal a vu son secteur manufacturier péricliter au cours des dernières années. Dans ce contexte, la Ville souhaite attirer et retenir des travailleurs de talent.

Un bon accueil

La stratégie a été plutôt bien accueillie à la chambre de commerce du Montréal métropolitain. Son président, Michel Leblanc, y voit la preuve que la Ville prend acte des nombreux projets qui sont actuellement prévus par les investisseurs.

«La stratégie confirme qu'il faut qu'on s'équipe mieux pour que ces grandes initiatives se réalisent, qu'on améliore nos processus», a-t-il résumé.

Mais le plan reste muet sur plusieurs éléments plus «terre à terre» du développement économique, déplore M. Leblanc. La stratégie ne prévoit aucune mesure pour améliorer l'état des rues et la fluidité des transports routiers, sans compter que le taux de taxation et la multiplication des parcomètres continuent de donner des maux de tête à plusieurs entrepreneurs de la métropole.

«Le développement économique repose sur le fait que des entreprises décident de s'installer à Montréal plutôt qu'en banlieue, dit M. Leblanc. Les niveaux de taxation jouent là-dessus.»

Le plan a d'ailleurs été taillé en pièces par l'opposition officielle. Le conseiller Pierre Lampron, de Vision Montréal, souligne qu'aucune mesure concrète n'a été annoncée par le maire et qu'aucun objectif n'a été énoncé non plus.

«C'est une longue liste de projets déjà connus», a-t-il raillé.