Entreprenants, les Québécois? Pas autant qu'on aimerait le croire, selon la Fondation de l'entrepreneurship, dont les sondages indiquent année après année qu'il y a moins de volonté de se lancer en affaires au Québec qu'ailleurs au Canada.

«C'est une situation qui risque de devenir grave, avec les besoins de relève qu'on a», estime Alain Aubut, le président-directeur général de la Fondation de l'entrepreneurship. Avec la collaboration de la Caisse de dépôt et de Léger Marketing, la Fondation a sondé un échantillon de 2961 personnes au Canada pour connaître leur opinion de l'entrepreneurship.

Les résultats de l'exercice, le troisième du genre, varient peu d'année en année. Il y a moins de Québécois (7%) qui pensent à se lancer en affaires, qu'il y a de Canadiens des autres provinces (11,1%).

Il s'agit d'une baisse comparativement à l'an dernier, alors 7,8% des personnes interrogées disaient avoir le projet de se lancer en affaires. Cette baisse s'explique par la récession, qui encourage généralement la création d'entreprises «par nécessité plutôt que par choix», explique M. Aubut.

Selon lui, le retard du Québec s'explique surtout par des raisons culturelles. L'ambition est considérée comme une qualité par 19,2% des répondants au Québec, mais par 30,2% ailleurs au Canada.

Faire de l'argent est également moins valorisé au Québec. Le succès financier est perçu négativement par 40,2% des répondants au Québec, mais seulement 28% dans le reste du Canada.

Raisons culturelles

Les répondants au sondage ont toutes sortes d'explications pour leur manque d'enthousiasme à se lancer en affaires. Manque de temps, manque d'argent et complexité bureaucratique sont les raisons les plus souvent invoquées.

En réalité, estime Alain Aubut, les vraies raisons sont ailleurs. Un entrepreneur est généralement assez passionné pour trouver le temps et l'argent pour mener à bien son projet. «C'est culturel, dit-il. Les jeunes se font dire par leurs parents que l'important, c'est de trouver un bon job avec un bon fonds de retraite».

Le dynamisme du marché du travail, qui se porte relativement bien au Québec, est aussi un frein à l'entrepreneurship. La disponibilité de bons emplois ne favorise pas l'entrepreneurship, reconnaît Alain Aubut.

À mesure que les entrepreneurs actuels vieillissent et que les besoins de relève augmentent, le manque d'enthousiasme des Québécois pour l'entrepreneurship est un problème, selon la Fondation, qui estime qu'entre les entreprises qui seront fermées et vendues et les nouvelles qui apparaitront, un déficit important d'entrepreneurs apparaîtra au Québec. Sa croissance économique pourrait en souffrir, «parce que ce qui génère la croissance, ce sont les PME».

Pour susciter davantage de vocation entrepreneuriale, une stratégie québécoise est en préparation, avec le concours du ministère du Développement économique. Il s'agit, selon la Fondation, d'enrichir le terreau sur lequel les entrepreneurs peuvent s'enraciner.