Québec compte sur un bassin d'amateurs de hockey plus riche de 28% depuis le départ des Nordiques, mais la Vieille Capitale aura de la difficulté à trouver assez d'entreprises pour acheter des loges, selon une étude du Conference Board du Canada rendue publique ce matin.

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La ville de Québec abrite le siège social de 17 des 800 plus importantes entreprises du pays, comparativement à 30 pour Winnipeg, 26 pour Edmonton et 19 pour Ottawa, selon l'étude. «Ça peut être un problème. Vous pouvez peut-être vendre toutes les loges au départ, mais ce sera un travail constant pour les renouveler après quelques saisons», dit Mario Lefebvre, directeur du Centre d'études municipales du Conference Board du Canada et auteur de l'étude.

L'économiste du Conference Board n'est pas le premier à mettre en doute la capacité de Québec de remplir ses loges. Même le maire de Québec, Régis Labeaume, se posait de sérieuses questions au cours d'une entrevue accordée à La Presse Affaires en octobre 2008. «J'ai essayé de dresser la liste des entreprises qui pourraient embarquer avec un ami il y a quelques mois. Il n'y avait pas beaucoup d'entreprises. Pas assez selon moi. Québec n'a jamais eu de problèmes économiques, mais ce n'est pas une ville de riches. Seize mille dollars pour une paire de billets de saison comme au Centre Bell, c'est de l'argent. Les entreprises perdent connaissance quand tu leur demandes 5000$», a dit le maire Labeaume.

Le groupe J'ai ma place a déjà vendu 74 des 87 loges d'entreprise du futur amphithéâtre, prêt à accueillir une équipe de la Ligue nationale de hockey (LNH) dès 2015. «J'aime la stratégie de faire participer les entreprises avant que le train parte, dit l'économiste du Conference Board, Mario Lefebvre. Mais à Ottawa, les Sénateurs viennent de connaître quelques saisons plus difficiles et certains détenteurs de loge hésitent à la renouveler. Les cadres du gouvernement fédéral n'ont plus le droit d'accepter une invitation dans une loge. C'est un problème pour plusieurs détenteurs qui ne peuvent plus inviter leurs clients gouvernementaux voir les Sénateurs. Est-ce que la même règle existe à Québec? À Ottawa, elle pose problème.»

Avec seulement 17 des 800 plus importants sièges sociaux du pays, la Vieille Capitale devra se tourner vers des grandes entreprises situées ailleurs dans la province, dont Montréal, qui en compte 98. «Le succès peut dépendre des entreprises à Montréal et ailleurs dans la province», dit Mario Lefebvre, qui publie ce matin la troisième de dix études économiques sur le retour de la LNH à Québec et Winnipeg.

Le Conference Board du Canada ne s'inquiète pas pour la vente de billets ailleurs dans l'amphithéâtre: Québec compte des partisans plus riches de 28% depuis le départ des Nordiques en 1995. Même constat pour Winnipeg, dont le revenu moyen disponible après impôts a aussi augmenté de 28% depuis 1995 (après avoir soustrait l'inflation). Durant cette période, Québec est passée du huitième au septième rang des villes les plus riches du pays, devançant Hamilton et Montréal, tandis que Winnipeg a devancé Vancouver au cinquième rang national.

Selon l'institut de recherche indépendant, une équipe de la LNH n'est pas viable économiquement dans une ville de moins de 800 000 personnes au Canada. Québec et Winnipeg comptent chacune moins de 750 000 résidants, mais leur population croît plus vite que la moyenne canadienne.

Conclusion du Conference Board du Canada? «La LNH pourrait marcher à Québec, mais ça va prendre de la discipline et un propriétaire prêt à accepter parfois des pertes certaines années, comme c'est le cas à Ottawa avec Eugene Melnyk», dit l'économiste Mario Lefebvre.

1995 / 2009 / Écart (en%)

Québec 684 544 / 746 252 / 9,0%

Winnipeg 685 124 / 742 408 / 8,4%

1995 / 2009 / Écart après calcul de l'inflation (en%)

17 500$ / 28 100$ / 28,0%

18 200$ / 29 300$ / 28,4%

source : Conference board du Canad

Parmi les 800 Plus grandes entreprises du pays en 2009

Québec 17

Winnipeg 30

Ottawa 19

Edmonton 26

Vancouver 79

Montréal 98

Calgary 119

Toronto 286

source : Conference board du Canada