L'opposition accuse Hydro-Québec d'abandonner sa mission de développement économique en s'apprêtant à accorder un contrat de 300 millions de dollars à une entreprise étrangère pour des nouveaux compteurs.

Deux entreprises québécoises, Trilliant Networks et Varitron Technologies, étaient en lice et elles auraient été rejetées. C'est la société suisse Landis+Gyr qui aurait été retenue pour fabriquer 3,7 millions de compteurs intelligents en remplacement des compteurs actuels, qui arrivent au terme de leur durée de vie. Hydro-Québec a toutefois refusé de confirmer ces renseignements.

Le Parti québécois et l'Action démocratique ont tous deux dénoncé ce choix à la période de questions en Chambre jeudi.

Les deux entreprises québécoises promettaient de créer des centaines d'emplois au Québec, mais Hydro «a décidé de les écarter et de donner le contrat à une compagnie étrangère qui va fabriquer ces compteurs au Mexique», a dénoncé le député adéquiste François Bonnardel. Il accuse la ministre d'avoir autorisé Hydro à ficeler un contrat sans exiger de contenu québécois.

«Comment la ministre (responsable Nathalie Normandeau) peut-elle tolérer qu'Hydro va donner un contrat de 300 millions $ sans s'assurer de créer des jobs au Québec?»

Pour sa part, le porte-parole péquiste en matière énergétique, Sylvain Gaudreault, estime qu'Hydro a abandonné sa mission de développement économique. Il a aussi fait valoir que les entreprises québécoises en lice ont une «technologie éprouvée» qui a été retenue en Ontario et au Maine.

«On n'a pas le choix de prendre acte du fait que la ministre se contente d'être la porte-parole d'Hydro, qu'elle abandonne son rôle, mais est-ce que le ministre du Développement économique (Clément Gignac) est d'accord avec cette décision selon laquelle Hydro abandonne le développement économique dans nos régions du Québec?»

C'est «pas mal radical comme affirmation», a rétorqué Mme Normandeau, sur le thème de la «radicalisation du PQ», chère aux libéraux.

Mme Normandeau a dit qu'elle laisse à Hydro-Québec le soin de confirmer officiellement le résultat de l'appel d'offres. Elle a assuré que l'appel d'offres avait été effectué selon les règles les plus strictes et elle s'attend à ce que le Québec en tire des avantages.

«Nous nous attendons à ce que ce contrat génère des retombées pour le Québec, a-t-elle déclaré à la période de questions. Ca veut dire quoi concrètement? Ça veut dire qu'on s'attend à ce qu'il y ait des emplois créés chez nous et Hydro aura à justifier son choix, évidemment.»

Par ailleurs, la ministre a voulu rassurer le syndicat représentant les releveurs des compteurs d'Hydro, qui craignent pour leurs emplois.

«C'est clair que (le virage technologique d'Hydro) aura des impacts sur les emplois. Mais je peux vous dire actuellement - et c'est l'assurance que nous donne Hydro-Québec - qu'aucun releveur de compteurs ne perdra son emploi. Ils ont une sécurité d'emploi, ils seront affectés à d'autres tâches.»

Pour sa part, Hydro-Québec refuse de confirmer quoi que ce soit. Deux finalistes ont été retenus sur six soumissionnaires et des modèles de compteurs sont toujours au banc d'essai, a précisé la relationniste Danielle Chabot, en entrevue téléphonique.

Pour elle, il est «trop tôt» pour soutenir que le choix est arrêté. Le contrat est toujours en négociations. Quant aux exigences de retombées au Québec, «il y a des choses qu'on peut négocier (avec les soumissionnaires) et c'est tout ça qui est sur la table actuellement», a-t-elle affirmé. Hydro-Québec fera connaître sa décision d'ici au 31 mai.