Constituer une réserve d'épargne afin de parer aux imprévus demeure un gros défi pour une majorité de Québécois et de Canadiens, suggère un sondage réalisé par une grande banque canadienne.

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Plus de la moitié (54%) des répondants québécois estiment «extrêmement difficile, voire impossible» de mettre de l'argent de côté, selon l'enquête d'opinion effectuée pour TD Canada Trust.

Un peu plus du tiers (35%) des répondants disent même n'avoir «aucune économie en cas d'urgence». Et près du quart (22%) déclarent ne faire «que le paiement minimal sur leurs cartes de crédit» chaque mois.

Un coussin rare

En contrepartie, toujours selon le sondage de la TD, un peu plus du tiers (34%) des répondants québécois disent avoir pu se constituer un coussin d'épargne pour couvrir «au moins quatre mois de frais de subsistance». Et plus des trois quarts (77%) des répondants disent que «le remboursement de leurs cartes de crédit» constitue leur principale priorité financière.

«Malgré les limites d'un tel sondage, ça témoigne tout de même de la difficulté persistante des gens à mettre de l'argent de côté. Ça augure d'une certaine fragilité financière dans la perspective d'une remontée des taux d'intérêt, comme on s'y attend d'ici quelques mois» a commenté Carlos Leitao, économiste en chef de la Banque Laurentienne.

Bonne nouvelle au Canada

Cela dit, afin de mieux mettre en contexte le sondage de la TD, M. Leitao souligne que le taux d'épargne global des ménages canadiens a pris du mieux depuis la crise financière de 2008 et la récession qui a suivi.

Il est remonté autour de 3 ou 4% des revenus disponibles des particuliers, comparativement à un taux presque nul lors des «années folles d'avant la crise financière», selon M. Leitao.

«C'est un taux redevenu raisonnable pour l'économie nationale, même s'il est encore inférieur de moitié à ce qu'il était jusqu'au début des années 90.»

Mais, selon Lisanne Blanchette, conseillère budgétaire et avocate chez Option consommateurs, organisme-conseil en économie familiale à Montréal, les résultats du sondage sur l'épargne de la TD s'avèrent plutôt mitigés.

D'une part, elle se dit encouragée qu'une bonne majorité des répondants québécois situent le remboursement de leurs dettes (cartes de crédit, marge de crédit, prêts) parmi les principales priorités financières. «Pour la plupart des gens et des ménages, le meilleur moyen de s'enrichir est de rembourser leurs dettes de consommation», indique Mme Blanchette.

D'autre part, la conseillère d'Option consommateurs se dit sceptique envers un résultat du sondage selon lequel 34% des répondants québécois auraient une réserve d'épargne suffisante pour couvrir au moins quatre mois de frais de subsistance en cas d'imprévu.

«Ça m'apparaît pas mal optimiste par rapport à ce que nous constatons sur le terrain, parmi les gens qui nous consultent pour des conseils en gestion budgétaire, a indiqué Mme Blanchette.

«Nous leur recommandons de prévoir un coussin pour couvrir au moins trois mois de frais de subsistance, ce qui peut prendre beaucoup de temps dans la plupart des cas. Cependant, cette épargne ne doit pas s'effectuer au détriment d'un remboursement des dettes de consommation, à commencer par les cartes de crédit.»

Pénalités

D'ailleurs, selon le sondage de la Banque TD, 11% des répondants québécois disent devoir s'acquitter régulièrement de pénalités parce qu'ils paient leurs factures de carte de crédit en retard.

Aussi, un peu plus de la moitié (53%) des répondants souhaiteraient obtenir des conseils pour économiser davantage. Enfin, 70% des répondants admettent un manque de connaissances en matière d'épargne personnelle.

Le sondage de TD Canada Trust a été réalisé en ligne en décembre dernier par une firme spécialisée auprès d'un échantillon de 1003 adultes canadiens, dont 238 Québécois.