Les moyens de pression des cols bleus de Montréal n'ont pas été sans conséquence pour les Muséums nature de Montréal. La grève a coûté 7 millions de dollars au Jardin botanique, au Planétarium, au Biodôme et à l'Insectarium en 2010 et les effets continuent à se faire sentir.

Avant de savoir que le Biodôme et l'Insectarium seraient fermés pendant 200 jours, les Muséums nature avaient prévu enregistrer des revenus de 18 millions pour l'année 2010. La situation a été tout autre et les recettes ont plutôt atteint 10,8 millions, une baisse imprévue de 7 millions. Les états financiers audités seront rendus publics à la fin de l'été, mais la Ville confirme les chiffres publiés par La Presse Affaires.

Dans leur budget déposé devant la Commission d'étude du budget en décembre dernier, les quatre musées ne prévoyaient pas une hausse d'affluence en 2011. Ils projetaient encore réaliser des revenus de 18 millions. «Quand il y a une grève, il y a toujours un impact par la suite. C'est ce qu'on avait remarqué en 1995. On avait mis trois ans avant de retrouver le même nombre de visiteurs. On y va donc de manière prudente dans nos prévisions», explique Nadine Fortin, porte-parole du Biodôme et du Planétarium.

Le syndicat des cols bleus, lui, indique qu'il ignorait l'impact financier que provoquerait une grève. «Sept millions, c'est de l'argent. Ça aurait pu servir à autre chose comme réparer des rues», dit Michel Parent, président du syndicat. Il croit néanmoins que la grève était la seule option, à l'époque, pour faire avancer les discussions et en venir à la signature d'un nouveau contrat de travail. «La Ville avait juste à négocier de bonne foi et ça se serait réglé sans grève.»

Le Biodôme et l'Insectarium ont été fermés du 13 au 14 février, du 26 mars au 23 avril et durant la période estivale, du 16 juin au 6 octobre. L'Insectarium a été rénové durant la grève et les travaux de modernisation du Biodôme ont eu lieu du 7 octobre au 4 décembre.

Le déficit gonfle

Alors que les revenus se sont chiffrés à 10,8 millions en 2010, les dépenses, elles, ont atteint 60,3 millions, selon la présentation du budget déposé en décembre dernier. Les Muséums nature présentent donc un déficit de 49,5 millions pour l'année qui vient de se terminer.

Malgré le chiffre élevé, les quatre musées montréalais font bonne figure. Les droits d'entrée des Muséums nature représentent 19,63% des revenus totaux. L'American Museum of Natural History à New York fait mieux (23,13%), mais les musées qui affichent un pourcentage plus faible sont nombreux: dans la province, le Musée des beaux-arts du Québec à Québec (6,62%), le Musée de la civilisation à Québec (3,71%) et le Musée des beaux-arts de Montréal (3,67%) se fient davantage à d'autres sources de revenus qu'aux recettes engendrées par les visiteurs1.

«A priori, le déficit des Muséums nature paraît élevé. On doit cependant réaliser que c'est un service collectif qui ne peut pas s'autofinancer à 100%, affirme Danielle Pilette, professeure au département d'études urbaines et touristiques de l'UQAM. Les Muséums nature font partie de l'image de marque de la ville. En tourisme, quand on veut aller chercher l'image de Montréal, on prend le mât du Stade qui est déficitaire. Et c'est la même chose pour le Jardin botanique ou le Biodôme.»

Avant que la grève ne soit annoncée, la Communauté métropolitaine de Montréal (7 millions), le gouvernement du Québec (12,7 millions) et l'agglomération de Montréal (22,6 millions) devaient financer le déficit de 42,3 millions. À la sortie des résultats vérifiés l'été prochain, leur facture augmentera quelque peu.

1. Source: rapports annuels des institutions (2007-2008)