L'industrie du golf demande un nouveau traitement fiscal afin que les entreprises puissent déduire leurs dépenses sur les verts. Une proposition qui sera étudiée par le gouvernement Charest.

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Autant à Ottawa qu'à Québec, le fisc refuse de laisser les entreprises déduire les droits de jeu et les repas au restaurant du club payés pour des clients. Aux prises avec une clientèle d'entreprise en déclin, l'industrie du golf veut cesser d'être un paria fiscal.

Inéquitable

«Si vous amenez des clients à la Place des Arts, au Grand Prix, au Centre Bell, c'est déductible, mais pas au golf. C'est inéquitable et inacceptable. En raison de cette règle, les entreprises ont tendance à favoriser d'autres activités que le golf pour amener leurs clients», dit Jean Trudeau, directeur général de l'Association des golfeurs professionnels du Québec (AGPQ), l'une des sept associations québécoises de l'industrie du golf qui appuie cette demande.

Le ministre québécois des Finances et du Revenu, Raymond Bachand, entendra les doléances de l'industrie du golf. «Il n'est pas actuellement dans notre intention de modifier les règles existantes depuis 25 ans, mais nous sommes certainement disposés à entendre les représentations de l'industrie du golf», a indiqué son attachée de presse Catherine Poulin à La Presse Affaires.

Revenu Québec interdit la déduction des droits de jeu depuis «plus de 25 ans», selon sa porte-parole, Valérie Savard. Depuis 2004, le fisc québécois a resserré les règles pour la déduction des repas pris dans les clubs de golf.

«S'ils font partie d'un forfait golf, ces dépenses ne sont pas déductibles», dit Valérie Savard. Autrement, les dépenses au restaurant du club sont déductibles, sauf si elles font partie d'une somme non remboursable qu'un membre doit débourser en repas chaque année, une pratique commune dans les clubs privés. Le fisc fédéral observe sensiblement les mêmes règles fiscales, mais depuis 1997.

Les frais de repas, cheval de bataille

«Nous aimerions que les entreprises puissent déduire les droits de jeu, mais notre cheval de bataille, ce sont les frais de repas, dit Jean Trudeau, de l'AGPQ. Si vous traversez la rue pour aller au restaurant après une partie de golf, ça devient déductible. Ça n'a aucun sens!»

Les différentes associations de l'industrie du golf au Canada ont organisé hier une journée de lobbyisme partout au pays, notamment à l'Assemblée nationale du Québec. L'Agence du revenu du Canada n'a pas commenté hier les demandes fiscales de l'industrie du golf.

Le golf est le sport le plus pratiqué au pays, selon une étude de l'Alliance nationale des associations de golf. Chaque année, 1,1 million de Québécois foulent l'un des 375 terrains de golf de la province. L'industrie emploie 58 000 personnes et génère des revenus directs de 2,6 milliards de dollars au Québec.