Après avoir un brin reculé durant l'été, l'économie du Québec a peiné pour retrouver le chemin de la croissance cet automne. Et tout semble indiquer que l'expansion aura été laborieuse en début de 2011.

Le produit intérieur brut réel a avancé de seulement 1,3% en rythme annuel au quatrième trimestre, grâce surtout à une poussée de 5,1% des volumes d'exportations, indique l'Institut québécois de la statistique (ISQ).

Il s'agit d'un rythme très faible si on le compare aux 3,3% de l'ensemble canadien.

L'économie québécoise avait reculé de 0,2% durant l'été alors que la canadienne avait avancé de 1,8%. L'ISQ a aussi révisé à la baisse la croissance des deux premiers trimestres. Pour l'ensemble de 2010, la croissance réelle s'élève à 2,8% contre 3,1% pour l'ensemble canadien.

La faible avancée automnale est peut-être gonflée, reconnaît-on à l'ISQ. Le calcul des exportations est fondé sur les données de Statistique Canada publiées le 11 février. Elles faisaient état d'un excédent commercial exceptionnel de 3 milliards d'un océan à l'autre, en décembre, chiffre qui a été ramené à 1,7 milliard dans son rapport du 11 mars dernier. «Ça pourrait être révisé à la baisse», reconnaît en entrevue Réjean Barbeau, économiste à l'ISQ. On en aura cependant le coeur net seulement le 29 juin, quand seront dévoilés les résultats révisés.

D'ici là, on sait que 2011 a commencé sans élan puisque la croissance en décembre, mesurée par industrie, a été limitée à seulement 0,1%, contre 0,5%, d'un océan à l'autre. En fait, novembre aura fait la différence du dernier trimestre avec une belle avancée de 0,6% alors qu'octobre avait été marqué par du surplace.

Seuls les services ont gagné du terrain en décembre, mus par les soins de santé, la finance et le commerce détail.

Ce dernier segment a cependant fortement reculé en janvier (-1,0%) selon Statistique Canada, mois au cours duquel il s'est par ailleurs créé peu d'emplois dans la société distincte.

La TVQ et le carburant

La majoration d'un point de pourcentage de la taxe de vente provinciale explique sans doute en partie pourquoi plusieurs consommateurs ont choisi de devancer d'un mois quelques achats de biens durables.

«L'augmentation des prix du pétrole, qui se répercute sur les prix de l'essence, a d'ailleurs ébranlé la confiance des consommateurs en mars, ajoute Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins. Si les prix de l'énergie tardent à redescendre ou grimpent davantage, l'élan de l'économie du Québec pourrait être ralenti.»

Cela dit, le quatrième trimestre avait quand même des ingrédients susceptibles de soutenir l'expansion cette année. La progression de la consommation est restée solide à 5,2%, les investissements des entreprises ont bondi de 11,5% tandis que le déficit commercial a diminué de 4,6 milliards.

Les entreprises ont cependant choisi de répondre à la demande intérieure et extérieure en réduisant 2,3 milliards le volume de leurs stocks. «La baisse des stocks des entreprises laisse présager que ceux-ci devront être reconstitués, ce qui devrait stimuler la production des prochains trimestres», souligne Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale.

L'institution de la rue De La Gauchetière maintient donc sa prévision de croissance de l'économie québécoise de 2,2% en 2011, contre 3,0% pour la canadienne.

Il s'agirait de la deuxième année d'affilée où le Québec ferait moins bien que l'ensemble canadien après deux autres où il avait mieux performé.

En 2010, la taille réelle de l'économie québécoise s'élevait à 274,95 milliards de dollars constants. Cela correspond à 20,7% de l'économie canadienne.

Exprimée en dollars d'aujourd'hui, la croissance de 2010 a atteint 4,6%, soit moins que la progression de 6,2% du PIB nominal canadien. Le PIB nominal donne un aperçu de l'assiette fiscale de Québec. Il s'élevait à 317,77 milliards, soit seulement 19,6% du PIB canadien.