Croquante et juteuse, la pomme québécoise n'est toutefois pas compétitive. La province «accuse un retard technologique» sur le plan de la production et de l'entreposage des pommes, selon un bilan du ministère de l'Agriculture (MAPAQ). Bas rendement, faible densité des vergers, non-renouvellement des pommiers et problèmes de gestion de l'entreposage désavantagent le Québec par rapport à la concurrence.

D'après la Monographie de l'industrie de la pomme au Québec, la production de pommes a augmenté en moyenne de 9,6% par an de 2003 à 2008. Mais «le Québec demeure la province qui enregistre le plus faible rendement» et qui «surproduit» la McIntosh. Les deux tiers de nos pommes sont de cette classique variété rouge.

Or, les Québécois aiment les Gala, Granny Smith, Délicieuse rouge et Jaune, principales variétés importées. En six ans, les importations de pommes fraîches destinées à la consommation ont augmenté de 43%. «Il y a eu un vrai boom», a dit à La Presse Gilles Hains, de la direction du développement et des initiatives économiques du MAPAQ.

La fixation des prix remise en question

Unique au Québec, la structure de fixation d'un prix minimum par variété de pommes assure un meilleur revenu aux producteurs. Mais «ne pourrait-elle expliquer, du moins en partie, le manque de compétitivité?» s'interroge le Ministère.

Cette remise en question a fait bondir Daniel Ruel, directeur général de la Fédération des producteurs de pommes: «On est en parfait désaccord.» Au Québec, les pommes ne sont pas plus chères qu'ailleurs, a-t-il plaidé; l'argent est redistribué différemment, voilà tout.

Les producteurs de pommes sont «conscients de devoir travailler leur compétitivité», a ajouté M. Ruel. Le renouvellement des vergers est important, mais le programme financé par Québec pour replanter est inadéquat, selon lui. «À peine 160 000 des 12 millions de dollars disponibles depuis 2006 ont été dépensés», a-t-il fait valoir.

Nouvelle vedette: l'honeycrisp

Les pomiculteurs québécois produisent maintenant la Honeycrisp, une variété très croquante. Avec la Gala, elle s'ajoute désormais aux classiques McIntosh, Cortland, Spartan et Empire vendues en hiver.

Le principal objectif consiste désormais à produire des pommes «de plus grande qualité, pour les vendre à l'état frais», a reconnu M. Ruel. Les pommes fraîches se paient trois ou quatre fois plus cher que les fruits destinés à la transformation. En 2008, 51% de la production a été transformée, comparativement à 25% une décennie plus tôt.

Éléments positifs

Il y a néanmoins de grands succès en transformation: les ventes de cidre québécois ont crû de plus de 90% depuis 2000. Surfant sur l'attrait des antioxydants, les Vergers Paul Jodoin ont aussi lancé une gamme de jus santé qui marient la pomme à la grenade ou à la canneberge. «L'offre de produits innovants sera essentielle pour augmenter la compétitivité du secteur», souligne le MAPAQ.

La pomme a un bel avenir au Québec, selon M. Hains. «Le contexte est favorable. La demande de fruits frais est forte, c'est un produit de chez nous et on va répondre encore davantage au goût du jour.» Mais la concurrence est dure dans un marché dont la Chine est désormais le leader, avec 43% de la production mondiale de pommes en 2007.