La Caisse de dépôt et placement accorde désormais plus de place aux entreprises québécoises dans la mesure de performance de son portefeuille d'actions canadiennes, qui s'élevait à 19,3 milliards de dollars à la fin de l'exercice 2010.

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Jusqu'à maintenant, cette mesure de performance reposait entièrement sur l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto, où les entreprises québécoises sont sous-représentées.

Pour remédier à cette lacune, la Caisse a décidé d'adopter le nouvel «indice Québec» mis au point récemment par la Financière Banque Nationale (FBN).

Cet indice Québec compte désormais pour 10 % de l'indice de référence du portefeuille d'actions canadiennes de la Caisse de dépôt. En contrepartie, la part de l'indice boursier S&P/TSX est réduite de 100 % à 90 % de l'indice de référence.

Selon la Caisse de dépôt, cette «québécisation» de l'indice de référence de son portefeuille boursier au Canada devrait mieux refléter l'accroissement récent de ses placements en actions d'entreprises québécoises.

Cet actif s'élève maintenant à près de 3 milliards, comparativement à 2,1 milliards à la fin de l'exercice 2009. La différence d'environ 800 millions tient surtout au capital additionnel investi par la Caisse en actions québécoises au cours de la dernière année, mais aussi de l'appréciation de ces placements.

Les totaux plus exacts de l'actif en actions de la Caisse pour sa fin d'exercice 2010 seront connus avec son rapport annuel détaillé qui sera divulgué à la mi-avril, en complément des résultats financiers annoncés le 24 février dernier.

«La Caisse de dépôt a un avantage de proximité à vouloir investir davantage dans des entreprises québécoises performantes et bien gérées. Or, ces entreprises sont sous-représentées dans notre indice de référence habituel, le S&P/TSX. L'inclusion de l'indice Québec dans cette mesure reflète mieux notre approche envers les actions québécoises», a expliqué Jean-Luc Gravel, premier vice-président aux marchés boursiers, au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

Selon une compilation de la Caisse de dépôt, les entreprises québécoises ne représentent plus que 10 % de la capitalisation de l'indice S&P/TSX. Il s'agit d'un pourcentage inférieur de moitié à la part du Québec dans l'économie canadienne.

«Près de la moitié de la valeur de l'indice S&P/TSX est liée aux secteurs de l'énergie et des ressources, ce qui correspond moins à l'économie québécoise. En comparaison, le nouvel indice Québec est plus diversifié et il devrait s'avérer moins risqué pour la volatilité à court terme», a expliqué M. Gravel.

D'ailleurs, selon le vice-président de la Caisse, ce désir de diversifier l'actif en actions canadiennes hors de l'énergie et des ressources explique en partie la «sous-performance» de ce portefeuille en 2010 par rapport à l'indice de marché S&P/TSX.

«La forte poussée des ressources nous a désavantagés à court terme en 2010. Mais, à plus long terme, sur cinq ans, notre portefeuille d'actions canadiennes affiche un rendement supérieur de 150 points de base (+1,5 %) à celui de l'indice S&P/TSX», a souligné M. Gravel.

Cela dit, jusqu'où la Caisse de dépôt compte-t-elle aller avec ses placements additionnels en actions québécoises ?

Son vice-président aux marchés boursiers se garde bien de répondre à cette question liée à la stratégie d'investissement de la Caisse.

Néanmoins, Jean-Luc Gravel dit espérer que les placements additionnels des derniers mois, de même que l'inclusion de l'indice Québec de la FBN dans sa mesure de performance, rehaussent l'intérêt des autres investisseurs boursiers envers les entreprises québécoises.

«Ces changements pourraient favoriser la visibilité boursière de ces entreprises, surtout celles qui ne sont pas dans les indices de la Bourse de Toronto. Par la suite, cette visibilité accrue pour les actions d'entreprises québécoises pourrait favoriser leur liquidité et leur volume de transactions en Bourse», croit M. Gravel.