Le marché des hôtels à Montréal et au Canada poursuivra sa reprise en 2011, s'il faut en croire la firme Colliers Hotels.

Le retour des beaux jours devrait accroître l'appétit des investisseurs étrangers pour les établissements hôteliers du pays. La Caisse de dépôt et placement du Québec pourrait en profiter, elle qui a annoncé en début d'année qu'elle se positionnait clairement dans le camp des vendeurs en 2011.

La valeur des hôtels a augmenté de 3% au pays, évalue Colliers Hotels dans son plus récent rapport sur l'état de l'industrie. La firme de courtage immobilier calcule un indice de la valeur des hôtels sur la foi de l'évolution du taux d'occupation, des revenus par chambre et du rendement exigé par les investisseurs.

Cette poussée survient après deux années de recul en 2007 et 2008. Les établissements du centre-ville de Montréal ont mieux fait que la moyenne canadienne avec une progression de 5,2% en 2010. Les valeurs continueront de progresser de 7% au centre-ville cette année. Le cas échéant, la valeur des hôtels atteindrait un sommet des 10 dernières années.

Les hôteliers s'en frottent les mains. «Depuis l'été dernier, les perceptions sont positives, indique Gilles Larivière, président d'Horwath HTL, firme-conseil qui publiera prochainement les résultats de son étude semestrielle sur les impressions des hôteliers québécois. Quand on demande aux exploitants comment ils voient 2011, ils répondent s'attendre à une nouvelle amélioration», dit-il.

Après un premier trimestre 2010 pénible, la croissance a été au rendez-vous à partir du mois d'avril. Selon les données des membres de l'Association des hôtels du Grand Montréal, le nombre de nuitées a bondi de 8,24% en 2010 par rapport à 2009. «Il s'agit de la meilleure performance de la décennie à ce chapitre», soutient Tourisme Montréal. Le taux d'occupation moyen dans les hôtels du Grand Montréal a atteint 64,7% comparativement à 60,5% pour l'année 2009. Le prix moyen est passé de 131,32$ en 2009 à 135,11$ en 2010, grâce notamment au retour du Grand Prix de Formule 1.

Ce rebond s'est produit malgré le fait que le dollar canadien est à parité avec le billet vert américain. «Ce qui importe avec le dollar, c'est qu'il soit stable, en hôtellerie comme dans les autres industries», fait valoir M. Larivière.

Le marché de l'aéroport à Dorval, dont le nombre de chambres a augmenté de 5,2% en un an, a moins bien fait, avançant de 1,4% seulement. La hausse des valeurs s'accéléra en 2011 avec un gain attendu de 3,1%. Colliers Hotels n'étudie pas le marché de la ville de Québec.

Au chapitre de l'investissement, l'année 2010 a été meilleure que 2009. Le nombre de transactions au pays est passé de 74 à 86 en un an et leur valeur a bondi de 73%, pour atteindre 720 millions de dollars en 2010.

Au Québec, 17 établissements ont changé de mains, dont l'hôtel-boutique Gault, dans le Vieux-Montréal. Parmi les autres transactions, le Clarion Centre-ville a été acheté pour être transformé en logements locatifs. Le Marriott Courtyard a été acquis par l'Université McGill dans le but de le convertir en des résidences étudiantes. L'hôtel Gouverneur Sainte-Foy, à l'entrée de la ville sur le boulevard Laurier, a été récupéré par Cominar, lequel planche sur un important projet de construction à vocation multiple. Le suranné Motel Canada, boulevard Taschereau à Greenfield Park, sur la Rive-Sud, compte, lui aussi, un nouveau propriétaire. Toutes ces ventes ont été réalisées dans la première moitié de l'année.

Retour des étrangers

Pour 2011, Colliers s'attend à ce que les investisseurs étrangers reviennent dans le marché hôtelier au Canada, eux qui en ont été passablement absents au cours de la dernière décennie. «La situation financière saine et la solidité de son secteur bancaire, combinées à un marché du travail au sommet et à une économie dont la croissance dépasse celle des autres pays industrialisés, continuent à faire du Canada un environnement favorisant l'investissement», écrit la firme de courtage.

Le rapport rendu public lundi revient sur les transactions dans la dernière décennie et souligne que 92% du volume de ventes pendant la période a été le lot d'acheteurs canadiens, souvent institutionnels. Parmi ceux-ci, la Caisse de dépôt sera vendeuse en 2011.

«On a des propriétés prêtes à être vendues. Il s'agit de bons immeubles dans des marchés forts dans lesquels on a mis de l'argent. On va les mettre sur le marché cette année, probablement assez tôt dans l'année», a confié, en entrevue plus tôt cette année, Bill Tresham, patron de SITQ, filiale immobilière de la Caisse. Le gestionnaire d'actifs considère que l'investissement hôtelier est trop risqué en regard du rendement qu'il peut donner.

Présente dans le domaine hôtelier depuis 1998, la Caisse a multiplié les acquisitions en 2006 et 2007. Au 31 décembre, la Caisse détenait des participations dans 55 hôtels. La gestion hôtelière est confiée à son partenaire Westmont Hospitality Group.

L'étude de Colliers semble donner raison à M. Tresham qui affirmait en février dernier que la période est propice à une vente ordonnée de ces éléments d'actif, en raison de la reprise dans l'industrie hôtelière et de l'abondance des capitaux prêts à être placés dans le secteur.