Le géant de l'ingénierie et de la construction SNC-Lavalin (T.SNC) veut en savoir plus à propos des sanctions imposées à la Libye pour mesurer leurs répercussions sur ses activités dans le pays secoué par d'intenses soulèvements.

«Nous attendons plus de détails suite aux mesures imposées par les Nations unies et le gouvernement canadien afin de déterminer comment elles vont s'appliquer à nos projets et en connaître plus précisément leur impact», a déclaré lundi dans un courriel une porte-parole de la multinationale montréalaise, Leslie Quinton.

«Dès que nous aurons clarifié la nature des obligations juridiques, nous implanterons ces mesures à toutes nos activités en Libye», a-t-elle ajouté.

Le premier ministre Stephen Harper a annoncé dimanche soir une série de sanctions à l'encontre du régime du colonel Mouammar Kadhafi, dont l'interdiction d'effectuer toute transaction financière avec le gouvernement libyen et ses sociétés d'État.

«Notre but avec SNC-Lavalin, et on a parlé avec eux, c'est qu'ils ne donnent pas au régime, ou à M. Kadhafi, de l'argent qui (pourrait) être volé au peuple libyen ou, plus grave encore, qui (pourrait) être utilisé pour la promotion de la violence contre le peuple libyen», a expliqué lundi le leader du gouvernement aux Communes, John Baird.

«Nous espérons que la ligne dure adoptée par la communauté internationale et notre gouvernement contre le régime libyen précipitera des changements et que les impacts négatifs de ces sanctions seront limités et de très courte durée», a ajouté le ministre.

Avant la crise, SNC-Lavalin travaillait à la construction d'une prison en banlieue de Tripoli (une affaire de 275 millions $), d'un nouvel aéroport à Benghazi (500 millions $) et de conduites d'eau à Sarir (475 millions $).

L'entreprise a suspendu ses activités dans le pays jusqu'à nouvel ordre. D'ici 48 heures, elle prévoit avoir évacué tous ses employés qui en ont exprimé le souhait. Vendredi, 1500 des 4500 travailleurs que compte SNC-Lavalin dans le pays avaient quitté. Très peu de ces 4500 employés sont canadiens.

L'analyste financier Frédéric Bastien, de la firme Raymond James, estime que SNC tire de la Libye des revenus annuels d'environ 250 millions $, soit moins de cinq pour cent de son chiffre d'affaires total. Il calcule que les troubles actuels pourraient amputer de 10 à 15 cents le bénéfice par action (BPA) de l'entreprise. En 2009, le BPA a atteint 2,36 $ et M. Bastien prévoit qu'il atteindra 2,85 $ en 2010.

Au final, l'analyste chiffre l'impact libyen sur le cours du titre de SNC-Lavalin à environ 3 $ par action. En Bourse, le litre a reculé de plus de 3 $ la semaine dernière, de sorte que M. Bastien ne s'attend pas à ce qu'une nouvelle détérioration de la situation en Libye se traduise par une nouvelle baisse. Il en serait toutefois autrement si la crise s'intensifiait en Algérie, un autre pays où SNC est très présent.

M. Bastien souligne que les projets de l'aéroport de Benghazi et des conduites d'eau de Sarir sont «essentiels» à l'avenir de la Libye. Selon lui, ils devraient reprendre lorsque les tensions politiques retomberont.

L'action de SNC-Lavalin a reculé de 1,5 pour cent lundi pour clôturer à 56,24 $, à la Bourse de Toronto.