Les grands détaillants en alimentation ne respectent pas, sauf pour de rares exceptions, la Loi sur la protection du consommateur en matière d'étiquetage de produits.

Option consommateurs a porté plainte contre sept grands détaillants après avoir mené une enquête démontrant que ceux-ci n'affichent pas le prix par unité de mesure sur les articles à rabais.

«Dans tous les cas, ce sont des produits en solde qui n'affichaient pas le prix par unité de mesure», a expliqué François Décary Gilardeau, analyste agroalimentaire chez Option consommateurs.

«Nous sommes entrés dans huit commerces et sept d'entre eux étaient en infraction. C'est quand même assez décevant», a-t-il laissé tomber.

«C'est problématique parce que le prix par unité de mesure, c'est la base commune de calcul. Par exemple, 1,29$/100 grammes, c'est ce qui permet au consommateur, avec la multiplication des formats, de comparer deux produits similaires vendus dans des quantités différentes.»

La loi oblige ainsi depuis une dizaine d'années d'afficher, par exemple, le prix par 100 millilitres ou par 100 grammes d'un produit afin que le consommateur ait une base de comparaison équivalente d'un même produit lorsqu'il est vendu dans des formats différents.

Or, cette donnée devient encore plus pertinente dans le cas d'un produit dont le prix a été réduit, selon M. Décary Gilardeau. «Il arrive souvent qu'un «spécial» soit moins avantageux pour le consommateur que d'autres produits à prix régulier», a-t-il dit.

Selon l'enquête, ce prix de référence est absent des produits affichés à rabais chez Wal-Mart, IGA, Loblaws, Metro, Pharmaprix, Jean Coutu et Couche-Tard. Seul Costco a démontré un respect de la loi en telle matière.

«Nous avons demandé à l'Office de protection du consommateur de nous émettre un avis juridique, a précisé l'analyste. L'avis indiquait que les produits vendus en «spécial» devaient être étiquetés avec le prix par unité de mesure, mais il allait plus loin; l'étiquette doit contenir à la fois le prix régulier, le prix en spécial, le prix régulier par unité de mesure et le prix «spécial» par unité de mesure.»

Or, justement, les étiquettes montrant un prix réduit n'affichaient pas non plus le prix régulier du produit en question. «Ça aussi c'est une infraction à la loi. Ce n'est pas le sujet de la plainte que l'on fait maintenant... mais ça va me faire plaisir d'en faire une plus tard!», a ajouté en riant François Décary Gilardeau.

Les commerces qui sont surpris à agir ainsi s'exposent à des amendes. Le grand public peut également porter plainte dans de telles situations auprès de l'Office de protection du consommateur.

Pour M. Décary Gilardeau, le temps est venu de s'attaquer à cette délinquance, aussi mineure soit-elle, car elle est devenue la norme.

«Ce que l'on dénonce, ce n'est pas une fraude immense, mais je suis prêt à relever le défi d'entrer dans dix commerces et je vous garantis que 100 pour cent du temps, je vais trouver au moins une infraction à la loi. Ce n'est pas normal de constater des infractions à une telle échelle», a-t-il dit.