Le président fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, est déçu de l'absence des projets d'affaires qui devaient suivre la vente de 20% de l'entreprise au groupe Dubaï World, il y a deux ans.

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Par conséquent, si ces partenaires arabes voulaient revendre leur part, Guy Laliberté se dit «totalement ouvert» à une transaction qui pourrait amener un nouveau partenaire minoritaire au capital du Cirque. Mais à la condition qu'il ait aussi un «apport stratégique» aux projets de l'entreprise, comme ce qui avait été annoncé avec Dubaï World à l'été 2008, quelques mois avant que la crise financière mondiale sape les ambitions de cet émirat arabe.

«Ils ne peuvent revendre leurs actions (du Cirque) sans notre accord. Toutefois, je serais totalement ouvert à des discussions s'ils s'amenaient avec un nouveau partenaire qui serait stratégique», a indiqué M. Laliberté à la presse londonienne.

«Je serais même prêt à vendre un 10% additionnel à un nouveau partenaire pour des raisons stratégiques.»

Le grand patron du Cirque du Soleil était de passage à Londres il y a quelques jours pour un gala-bénéfice de la fondation humanitaire One Drop, au cours d'une représentation du spectacle Totem au prestigieux Royal Albert Hall.

L'intérêt de la presse londonienne pour les affaires du Cirque découle d'informations publiées récemment à propos de sa recherche d'un partenaire financier pour l'établissement d'un spectacle permanent à Londres. Cette recherche a été confiée à la banque d'affaires Allen&Co., société renommée dans la City financière de Londres.

Selon le quotidien The Telegraph, ce mandat aurait été élargi pour toute l'entreprise, en surplus du projet de spectacle permanent à Londres.

À la haute direction du Cirque, hier, on a confirmé le mandat confié à Allen&Co. mais pour le projet de Londres seulement, et non pour toute l'entreprise.

Quant au remplacement de Dubaï World à l'actionnariat, on indique qu'il faudrait d'abord que ce partenaire dise vouloir se départir de sa part de 20% de la multinationale culturelle.

«Nous n'avons encore eu aucune indication en ce sens», signale Renée-Claude Ménard, principale porte-parole au Cirque du Soleil.

Par ailleurs, a-t-elle insisté, la déception de M. Laliberté et des principaux adjoints envers les suites du partenariat avec Dubaï découle des conséquences de la crise financière, et non d'une quelconque bisbille d'affaires.

Cette précision va dans le sens des propos de Guy Laliberté au Telegraph de Londres.

«Je leur ai vendu une part afin d'avoir un partenaire qui était très impliqué dans des projets immobiliers. Mais, peu après avoir reçu leur chèque, en quelques mois, la situation est devenue complètement différente. Je me suis retrouvé seulement avec l'argent.»

Au moment de l'annonce du partenariat avec Dubaï, à l'été 2008, le montant de la transaction conclue privément avait été estimé à autour de 500 millions US par des analystes.

Deux ans plus tard, tout indique que cette part de 20% du Cirque a gagné en valeur. Devant la presse londonienne, Guy Laliberté a fait état d'une valeur totale «entre 2 et 3 milliards» grâce à la croissance continue des dernières années.

Cette croissance est survenue malgré l'absence des projets avec Dubaï et la récession en Amérique du Nord et en Europe.

Selon les propos de Guy Laliberté à Londres, le Cirque a réalisé un chiffre d'affaires d'environ 850 millions US l'an dernier et il prévoit atteindre le milliard en 2011.

Ces chiffres ont été corroborés hier au siège social du Cirque à Montréal. De même que le nombre record de 12,5 millions de billets vendus en 2010, 1,5 million de plus que l'année précédente.

Quant à la rentabilité du Cirque, elle n'aurait pas souffert de la récession qui a frappé certains endroits où il est très présent, comme à Las Vegas.

«Nous sommes encore autour de 20% de marge bénéficiaire», selon Renée-Claude Ménard, porte-parole du Cirque.

Un tel pourcentage signifie un profit d'environ 170 millions en 2010, et proche des 200 millions pour 2011.

«À Las Vegas en particulier, nos spectacles ont maintenu 97% de taux d'occupation depuis deux ans malgré la récession. De plus, ce sont les forfaitistes (hôtel"casino"spectacle) qui ont subi le coût des soldes, pas le Cirque, parce que nos revenus par billet vendu sont convenus d'avance», a dit Mme Ménard.