Plus de 300 employés syndiqués de l'usine Olymel de Vallée-Jonction se sont prononcés, hier matin, en faveur d'une médiation préventive avec leur direction. «Il faut que le climat de travail change. On ne peut pas négocier maintenant, mais on va compter sur l'aide du ministère du Travail pour faire un diagnostic et faire les gestes qui s'imposent», a dit le président de la Fédération du commerce à la CSN, Jean Lortie.

Un tiers des employés se sont présentés hier matin à l'assemblée générale convoquée par leur syndicat. La proposition d'avoir recours à un médiateur a été unanimement adoptée. «D'avoir un ouvrier sur trois présent, un dimanche matin à 9h, c'est indicateur (de leur ras-le-bol à l'égard de leurs conditions de travail)», a souligné M. Lortie.

La semaine dernière, le syndicat a publiquement dénoncé les conditions de travail en vigueur dans l'usine. Les accidents de travail sont de plus en plus nombreux et la direction n'hésite pas à intimider les ouvriers qui voudraient se prévaloir de leur droit de refus, soutient le syndicat. L'ambiance au travail s'est fortement dégradée depuis le mois de février 2007, où, comme l'usine était menacée de fermeture, les employés ont dû accepter de revoir leurs conditions de travail à la baisse. «Avec les réductions salariales, les conditions se sont beaucoup dégradées. Il y a eu plus de 900 incidents et accidents de travail en 2010, c'est énorme», a déploré M. Lortie.

La direction d'Olymel a bien accueilli la nouvelle hier: le recours à un médiateur avait été accepté par les deux parties, avant que le syndicat ne se désiste à l'automne. Vendredi, la direction avait renouvelé son invitation. «On ne peut que se réjouir de cette démarche conjointe pour aplanir les difficultés, a dit Richard Vigneault, responsable des communications et porte-parole d'Olymel. Il ne s'agit pas de rouvrir la convention collective, qui vient à échéance en 2014. Nous avons recours au ministre du Travail pour avoir de meilleures conditions de travail dans l'application de la convention collective.»

Fonds de grève

En prévision de la prochaine négociation, les syndiqués ont également résolu de se doter d'un fonds de grève. «C'est un geste préventif, pour faire face aux coups durs», a indiqué M. Lortie. Les syndiqués sont exaspérés, selon lui, par les tensions au sein de l'entreprise et souhaitent trouver une solution à leurs problèmes.

De son côté, la direction d'Olymel s'étonne encore de la sortie publique du syndicat. «Depuis l'automne, le syndicat boycotte les travaux des comités mixtes, a dit M. Vigneault. Pour les accidents et incidents de travail, nous n'avons pas les mêmes chiffres, donc il y a un dialogue à avoir.» L'entreprise, qui appartient à la Coopérative fédérée, tourne, selon la direction, à plein régime et emploie plus de 1000 personnes.