L'affaire Prospector est en train de devenir le cas le plus complexe de l'histoire de l'Agence du revenu du Canada. Pour y voir clair, les enquêteurs tentent de concevoir un super ordinateur sur mesure pour le dossier, qui permettra d'analyser la montagne de documents informatiques saisis.

En septembre 2009, l'agence a fait des perquisitions dans huit locaux de la région de Montréal. Elle a alors saisi 207 boîtes de documents et 92 supports informatiques (disques durs, DVD, clés USB, etc.), représentant 22 millions de fichiers informatiques. «Il s'agirait du plus gros cas, en informatique, de l'histoire de l'Agence», est-il écrit dans une requête déposée à la Cour du Québec.

Une demi-douzaine d'enquêteurs travaillent à temps plein sur le dossier, aidés par plusieurs autres à temps partiel. Le groupe d'enquêteurs prévoient rencontrer environ 80 témoins au Canada et à l'étranger.

«Certains des intervenants ont des liens avec des pays étrangers (Barbade, îles Vierges britanniques, États-Unis, îles Turques-et-Caïques et Malte. Le groupe d'enquêteurs devra préparer au moins cinq demandes d'entraide en vertu d'un traité d'entraide en matière criminelle, d'une convention fiscale applicable à l'évasion fiscale ou autre moyen», explique-t-on dans la requête.

Soupçons de faux documents

Parmi les documents saisis, Revenu Canada a ciblé 28 documents qu'elle soupçonne être des faux. Pour en vérifier l'authenticité, elle fera une analyse d'encre et d'écriture et les comparera à 10 autres documents. C'est le laboratoire des sciences judiciaires de l'Agence des services frontaliers qui en fera l'analyse.

Compte tenu du volume de documents et de la complexité du dossier, Revenu Canada estime qu'il faudra plusieurs mois pour conclure et «déposer des accusations criminelles, le cas échéant».