L'aventure de Prospector risque de s'avérer ruineuse pour certains dentistes, mais elle a permis à Claude Duhamel de se payer un niveau de vie d'entrepreneur prospère, selon le fisc.

Entre 2003 et 2006, par exemple, M. Duhamel a touché de Prospector des revenus de 1,4 million de dollars. Aucun impôt n'a été payé sur cette somme, selon un document d'enquête de Revenu Canada déposé en cour, qui porte sur cette période.

Deux des entreprises du groupe «ont fait des chèques à son nom, au nom de sa conjointe, pour des retraits en comptant et pour des remboursements de dépenses personnelles relatives à la location d'une BMW, de frais d'hôtel, d'assurances, de club de golf et de paiement de sa carte de crédit pour des dépenses de l'ordre de 1,4 million», est-il écrit dans le document.

Sa femme, Madeleine Cournoyer, figurait aussi sur la liste de paie de Prospector. Elle a encaissé un total de 356 000$ en 2005 et 2006, dont un bonus de 156 000$ «qui n'apparaît pas dans sa déclaration de revenus 2006», selon Revenu Canada.

L'année suivante, Mme Cournoyer faisait un acompte semblable pour l'achat d'un condo de 806 356$ à L'Île-des-Soeurs, dont elle est toujours propriétaire aujourd'hui.

Le réseau Prospector n'a pratiquement jamais fait de revenu, admet Claude Duhamel, mais l'homme se défend d'avoir vécu sur le dos des investisseurs. «Il s'agit du salaire que j'ai gagné année après année comme mandataire du groupe. Et c'est le franchiseur qui payait», dit-il.

Selon le financier de 53 ans, cette rémunération est conforme à ce qui se paie dans le secteur des technologies. Elle représente moins de 5% des dépenses de 38 millions encourues par le Groupe Prospector de 2002 à 2010.

Claude Duhamel reconnaît avoir acquis 100 franchises Prospector pour lesquels il n'a rien déboursé. C'est le franchiseur de la Barbade qui l'a financé, dit-il. De leur côté, la plupart des franchisés ont dû allonger jusqu'à 45 000$ par franchise.

«Je n'ai rien payé. Mais je n'avais pas le droit de toucher aux revenus d'exploitation de mes franchises tant que je ne payais pas l'intérêt et le capital sur mes franchises», explique-t-il.