La Caisse de dépôt vient de recruter Caroline Saint-Jacques comme directrice générale des affaires publiques et relations avec la communauté à Québec. La nomination crée un certain remous. L'Association québécoise des retraités du secteur public et parapublic critique l'embauche superflue de celle qu'elle qualifie de lobbyiste.

L'appellation est-elle justifiée? Caroline Saint-Jacques était en tout cas inscrite au registre des lobbyistes du Québec dans ses fonctions précédentes, à titre de vice-présidente, Affaires publiques, de la Fédération des chambres de commerce du Québec.

Dans son communiqué, son nouvel employeur écrit que Mme St-Jacques est «mandatée pour effectuer une vigie des enjeux et d'établir des liens continus avec différents paliers de gouvernements au Québec» et ailleurs. Pour la présidente de l'AQRP, Madelaine Michaud, «si ce n'est pas du lobbyisme, ça lui ressemble beaucoup».

«Un organisme gouvernemental n'est pas là pour faire de la politique, ajoute-t-elle. La Caisse étant reliée directement avec le ministre des Finances, n'a certainement pas besoin d'un lobbyiste pour faire valoir son point de vue.»

Professeur de sciences politiques à l'Université Laval, Raymond Hudon ne voit rien de scandaleux à ce que la Caisse fasse du lobbying, même si elle peut être assimilée à une société d'État. «La Caisse défend des intérêts qui lui sont propres que ce soit en termes organisationnels, en termes de style de gestion ou d'indépendance à l'égard du gouvernement.», dit l'universitaire qui s'intéresse de près aux groupes d'intérêts.

Il déplore toutefois que Mme St-Jacques n'ait pas à s'inscrire au registre des lobbyistes dans ses nouvelles fonctions, n'y étant plus assujettie puisque les titulaires de charges publiques comme la Caisse de dépôt, en sont exemptées. «La loi exclut beaucoup de monde du registre. Être aussi restrictif dans l'obligation de s'inscrire au registre des lobbyistes quand on fait du lobbying, c'est un cas unique dans le monde. Le registre français est beaucoup plus inclusif que le nôtre», souligne le professeur.

L'idée d'élargir la portée du registre des lobbyistes aux sociétés d'État fait sursauter Françoise Bertrand, PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec et qui a travaillé pendant 20 avec Caroline St-Jacques. «Elle ne peut pas faire de lobby, elle travaille à la Caisse de dépôt. Elle va représenter les stratégies, expliquer, informer et participer à la communauté quant aux réalités de la Caisse. Ce n'est pas du tout faire du lobby.»

C'est exactement la position de la Caisse de dépôt. «Ce n'est pas dans les fonctions de Caroline St-Jacques d'aller sur un mandat particulier dans le but d'influencer une décision dans le sens que je lis dans la loi (sur le lobbying)», dit Maxime Chagnon, porte-parole de la Caisse.