Il a tout fait dans sa carrière, mais pas ça. Quand Gregory Charles montera sur scène, en février, ce sera pour enseigner aux étudiants de l'École d'entrepreneurship de Beauce.

Gregory Charles, professeur? Plutôt entrepreneur-entraîneur, comme l'école préfère les nommer. Il se joindra au grand patron de Rona, à celui de Telus et aux autres gros noms de Québec inc. recrutés pour former de meilleurs chefs d'entreprise.

Le musicien-chanteur-animateur-comédien et nouvellement entrepreneur-entraîneur a été surpris et ravi d'être sollicité par l'école fondée par Marc Dutil, du Groupe Canam.

Il ne souffre pas du tout du syndrome de l'imposteur. «Je suis un peu une PME moi-même», convient-il, en parlant non pas de ses nombreux talents, mais du consortium d'entreprises qu'il dirige.

«On peut dire que j'ai une expérience de management, même si la vaste majorité de mes entreprises ont à voir avec la création», explique-t-il au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

Il sera question de management et de création dans la formation que donnera Gregory Charles, ou plutôt de la nécessité de réunir les deux. «La créativité est indispensable pour diriger une entreprise, peu importe qu'on vende des souliers, qu'on fabrique des meubles ou qu'on soit le Cirque du Soleil.»

Il s'enthousiasme déjà à l'idée des pistes qu'il pourra explorer avec ses étudiants. «La créativité, j'y crois tellement que je pense que c'est ça qui nous distingue de la civilisation orientale. Ça commence avec les religions qui, en Occident, ont toutes comme fondement un élément de création, alors que dans le bouddhisme, par exemple, on ne se demande pas comment ça a commencé.»

L'École d'entrepreneurship a commencé ses activités en septembre dernier dans une ancienne auberge transformée à peu de frais, grâce à une corvée beauceronne. Elle accueille cet hiver à Saint-Georges sa deuxième cohorte de 25 étudiants.

Avec Gregory Charles, ces entrepreneurs apprendront entre autres à perdre leur temps. «Le but, c'est de convaincre les gens qu'il y a des choses importantes qui ne donnent pas de résultats immédiats, dit l'homme-orchestre québécois, qui aura 43 ans le mois prochain. Et qu'il faut parfois accepter de reculer pour avancer.»

Perdre du temps peut être payant, Gregory Charles peut en témoigner. Il a une profusion d'exemples à fournir. «Prenez Bombardier, qui a inventé le Ski-Doo. Ils voulaient appeler ça un Ski-Dog, et c'est à cause d'une faute que ça s'est appelé Ski-Doo. Ils se sont assis et ont pris le temps d'y penser, avant de décider que le nom serait Ski-Doo. Et on voit ce que ça a donné, Ski-Doo c'est pas mal mieux que Ski-Dog.»

Déjà intarissable au sujet de son nouveau rôle de professeur, Gregory Charles est sûr qu'il adorera ça. Il espère quand même qu'il sera utile pour ses étudiants. Chose certaine, ils ne devraient pas s'ennuyer pendant les cours.