La Cité du cinéma est ouverte à la possibilité de construire quatre nouvelles salles de tournage au coût de 25 millions de dollars, à condition que le gouvernement du Québec fasse passer le crédit d'impôt aux films étrangers de 25% à 35%. Mais Québec n'a pas l'intention d'être plus généreux à l'égard d'Hollywood.

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Faute de salles de tournage, la Cité du cinéma a refusé cette année trois superproductions américaines, qui auraient généré des dépenses d'au moins 300 millions de dollars au Québec. Ces refus n'ont pas convaincu le propriétaire de la Cité du cinéma, Mel Hoppenheim, de construire de nouvelles salles de tournage. «C'était mort depuis deux ans et ça vient de reprendre il y a cinq mois. On va avancer avec la demande. On est des hommes d'affaires. On ne sait pas si la demande va continuer d'être aussi forte», dit M. Hoppenheim, propriétaire et PDG de Mel's La Cité du cinéma.

La Cité du cinéma négocie actuellement avec le producteur américain Lucas Foster pour le tournage de 11 films en quatre ans au Québec, mais l'entente nécessiterait un crédit d'impôt de 35% au lieu du 25% actuel. En cas d'entente avec Lucas Foster, la Cité du cinéma songerait à ajouter 4 nouvelles salles à son complexe de 18 salles de tournage.

Sans engagement à long terme d'un producteur, Mel Hoppenheim ne construira pas de nouvelles salles. «Si j'avais construit quatre nouveaux studios durant la sécheresse des dernières années, je serais en faillite, dit-il. Les blockbusters prennent tous nos grands studios, mais il faut des films pour les remplacer quand ils partent. C'est le problème du cinéma: il y a plein de films qui sont censés être tournés à Montréal, mais il nous faut des confirmations, pas des suppositions.»

Le propriétaire de la Cité du cinéma a bon espoir de convaincre le gouvernement Charest de hausser le crédit d'impôt aux films hollywoodiens. «Notre gouvernement québécois a toujours été là pour nous aider», dit M. Hoppenheim. «Il faut convaincre le premier ministre (Jean Charest) d'augmenter le crédit d'impôt, quitte à ce que la hausse soit temporaire», dit Michel Trudel, copropriétaire et PDG de Locations Michel Trudel, qui loue les salles de tournage de la Cité du cinéma aux studios hollywoodiens.

Un non de Québec

Cette fois-ci, Québec risque de décevoir les gens de l'industrie du cinéma qui veulent une hausse du crédit d'impôt, a appris La Presse Affaires. Selon une source bien informée, le gouvernement n'a pas l'intention de hausser le crédit d'impôt aux films étrangers, d'autant plus que la Cité du cinéma doit refuser des superproductions en raison du manque d'espace pour tourner. Le ministre des Finances, Raymond Bachand, a déjà bonifié le crédit d'impôt à deux reprises depuis juin 2009. Québec estime avoir fait sa part et ne veut pas engager une surenchère avec l'Ontario qui offre aussi un crédit d'impôt de 25% sur toutes les dépenses d'un film américain. Le ministre Bachand n'a pas voulu faire de commentaires sur le dossier hier.

La Cité du cinéma accueillera une superproduction en 2011: Blanche-Neige, dotée d'un budget de 120 millions de dollars. Au total, Hollywood devrait dépenser environ 240 millions au Québec cette année grâce à six productions, comparativement à un record de 218 millions en 2010.