Le gouvernement du Québec réexaminera le dossier Electrolux si les syndiqués de l'usine de L'Assomption sont prêts à accepter des concessions salariales importantes, a déclaré mardi le ministre du Développement économique, Clément Gignac.

La multinationale suédoise a annoncé le mois dernier la fermeture en 2013 de son usine québécoise, où l'on fabrique des cuisinières. Les installations doivent être relocalisées à Memphis, au Tennessee, où les autorités publiques ont convenu d'allonger une aide financière de 132 millions $ à Electrolux.

Au lendemain de l'annonce, M. Gignac a parlé à un haut dirigeant nord-américain d'Electrolux, qui lui aurait confié que la décision de déménager ne s'expliquait pas uniquement par l'offre alléchante faite par le Tennessee, mais aussi par les coûts d'exploitation beaucoup plus bas qui existent dans cet État américain.

Or, le ministre doit rencontrer jeudi les représentants du syndicat de l'usine de L'Assomption.

«Si, après la rencontre de jeudi avec nos partenaires syndicaux, ils sont prêts à faire des concessions salariales importantes pour devenir beaucoup plus compétitifs avec ce qui se fait aux États-Unis, nous, de notre côté, on est très prêts à voir ce qu'on pourrait faire pour inciter la compagnie à revenir sur sa décision», a affirmé le politicien en marge d'une conférence de presse portant sur un autre sujet.

Clément Gignac a souligné qu'en raison de la parité entre les dollars canadien et américain, le salaire horaire des employés québécois d'Electrolux était désormais de 5 à 6 $ plus élevé que celui que recevront les futurs travailleurs de Memphis.

À l'issue de la rencontre de jeudi, le syndicat devra décider si le jeu en vaut la chandelle ou s'il est préférable de concentrer les efforts sur la relance, a estimé le ministre.

«S'il y a des projets de relance, un comité de relance, on est prêts à être partenaires», a-t-il dit.

Du côté syndical, rien n'indique qu'on soit prêt à supplier Electrolux.

«Ce qu'on a dit à l'employeur, c'est «est-ce qu'il y a quelque chose qu'on peut faire?', sans nommer une alternative plus qu'une autre, et ils ont dit non», a relaté David Chartrand, porte-parole de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale, qui représente les syndiqués d'Electrolux à L'Assomption.

«Ce n'est pas moi qui va aborder un terrain comme ça, a-t-il ajouté. En premier lieu, il faudrait que l'employeur ait une ouverture d'esprit sur quelque chose. Ensuite, on ira voir nos membres.»

Quelque 1300 travailleurs perdront leur emploi avec la fermeture de l'usine de L'Assomption. Québec réclame à Electrolux le remboursement d'une subvention de 2 millions $ versée en 2009.

Il y a trois semaines, David Chartrand a déploré l'empressement du gouvernement à vouloir récupérer cette somme et lui a reproché de ne pas déployer suffisamment d'énergie pour tenter de sauver les emplois en jeu.

Mardi, le ministre Gignac s'est défendu d'avoir «lancé la serviette». Il a dit s'être comporté en «bon père de famille» en exigeant le remboursement des 2 millions $ parce qu'Electrolux lui avait indiqué que le déménagement était«irrévocable».