Le secteur public a contribué puissamment à la bonne tenue de l'emploi au pays depuis 2007 comme le démontrent des données colligées par l'Institut de la statistique du Québec.

Contrairement au secteur manufacturier en déclin, l'effectif du secteur public a crû avec une belle régularité. Depuis 2007, il s'est ajouté respectivement 228 200 et 37 500 travailleurs dans le secteur public au Canada et au Québec.

Le phénomène risque toutefois de se terminer avec la volonté des gouvernements de retourner à l'équilibre budgétaire dans les prochaines années, croient les économistes à qui nous avons parlés.

«C'est évident que la lutte contre le déficit entraîne un contrôle très serré des dépenses de programmes. Par le fait même, l'emploi dans le secteur public va progresser beaucoup moins rapidement», dit Benoit P. Durocher, économiste chez Desjardins.

Par secteur public, on entend les différents ordres de gouvernement: fédéral, provincial et municipal. On y englobe aussi les emplois des réseaux de la santé et de l'éducation.

Le gouvernement du Canada, par exemple, prévoit le retour à l'équilibre budgétaire en 2015-2016. Le déficit prévu en 2010-2011 s'élève à 45 milliards de dollars. Celui de 2009-2010 était de 56 milliards.

Au Québec, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a réitéré le 2 décembre dernier l'objectif de retourner en situation d'équilibre budgétaire en 2013-2014.

Pour ce faire, il table sur une croissance des dépenses en 2010-2011 de 3,7% en santé et de 2,2% en éducation. L'enveloppe réservée aux nouveaux programmes est amputée de 950 millions.

L'objectif de croissance des dépenses des programmes reste fixé à 2,9% en 2010-2011 et diminue à 2,1% en 2011-2012.

L'objectif est de taille puisque, de 2003-2004 à 2010-2011, le taux de croissance des dépenses de santé a été, en moyenne, de 5,8% annuellement.

Pas étonnant dans les circonstances que le secteur de la santé ait été le principal contributeur à l'emploi dans le secteur public.

«Quand on parle de croissance du secteur public, la santé et les services sociaux sont le moteur, beaucoup plus que l'administration publique ou l'enseignement dont l'effectif est à peu près stagnant», souligne Normand Roy, directeur de l'analyse et de l'information sur le marché du travail chez Emploi-Québec.

Hors des réseaux de la santé et de l'éducation, les ministères et organismes provinciaux sont en effet soumis à la politique du remplacement d'un départ sur deux à la retraite. L'effectif de la fonction publique a baissé de près de 6% depuis l'application de la règle en 2004, étant passé de 75 946 équivalents à temps complet à 71 609.

«Dans la fonction publique, il n'y a pas beaucoup de perspectives de croissance», dit Lucie Martineau, présidente du syndicat de la fonction publique du Québec, qui a perdu 2000 membres depuis 2004. Le SFPQ compte maintenant 41 500 membres.

Récemment, la présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne a élargi l'application de la politique du «1 pour 2» au personnel administratif des réseaux de l'éducation et de la santé.

«Pour les années à venir, il est plus question de renouvellement du personnel que de croissance», dit Lise Pomerleau, économiste à la Confédération des syndicats nationaux qui a été affectée au secteur public lors de la dernière ronde de négociations avec le gouvernement.