Dans le bureau qu'occupait jusqu'à tout récemment Yves Rosconi chez Theratechnologies, il y avait une photo que l'ex-président regardait souvent. Une photo de lui prise en Afrique du Sud, où on le voit serrer la pince d'un homme peu banal: Nelson Mandela.

Yves Rosconi dirige les activités en Afrique et au Moyen-Orient de la multinationale pharmaceutique Aventis lorsqu'il reçoit un coup de fil de l'ancien leader de la lutte contre l'apartheid. «Imagine: tu décroches le téléphone et tu entends: «Bonjour, je suis Nelson Mandela et j'aimerais parler à Yves Rosconi.» J'étais sûr que c'était une blague. Je disais en riant: «Who's that? Who's that?»»

C'est loin d'être une blague. M. Mandela sollicite l'aide d'Aventis pour freiner la progression de la tuberculose en Afrique du Sud. Pas en réclamant des médicaments gratuits comme le redoute d'abord M. Rosconi; M. Mandela lui demande plutôt de l'aider à créer des centres de formation destinés à suivre les patients. «Guérir la tuberculose nécessite neuf mois de traitement, pendant lesquels il faut prendre trois pilules par jour, explique M. Rosconi. L'idée était de former des gens qui seraient responsables de trois patients chacun. Le patient arrive avec ses trois pilules dans une main et un verre d'eau dans l'autre. Et le responsable le regarde les avaler - littéralement.»

La rencontre entre les deux hommes a conduit à la formation de 10 000 de ces superviseurs. Et elle a marqué Yves Rosconi à tout jamais. «Quand on rencontre un homme comme ça, on s'en souvient toute sa vie», dit M. Rosconi, qui dit avoir souvent jeté un coup d'oeil à la photo lors des moments plus houleux.