Des pays européens au bord de la faillite, une reprise qui tarde à venir aux États-Unis: l'économie mondiale n'inspire guère confiance aux Québécois, selon un sondage SOM réalisé pour La Presse Affaires. Ils demeurent malgré tout optimistes à l'égard des perspectives économiques chez nous.
L'enquête, menée en ligne auprès de 3482 personnes, révèle que 58% des Québécois sont « plutôt « ou « très « pessimistes pour l'économie mondiale en 2011, après répartition des indécis. En revanche, 70% des répondants sont optimistes à l'égard de l'économie canadienne, et 60% font confiance à l'économie québécoise.
«L'opinion des Québécois au sujet de l'économie mondiale, à notre avis, est surtout basée sur quelques pays de la zone européenne qui vivent des difficultés», estime Éric Lacroix, vice-président de SOM.
L'actualité internationale des derniers mois n'a rien fait pour rassurer les craintes des Québécois, souligne-t-il. Les États-Unis, épicentre de la récession, tardent à se relever de la crise, notamment à cause du taux de chômage qui reste élevé malgré les mesures de stimulation économique.
Mais c'est de l'autre côté de l'Atlantique que sont venues les nouvelles les plus inquiétantes, selon M. Lacroix. Au printemps, la Grèce a été forcée d'adopter une série de mesures d'austérité après avoir été carrément acculée à la faillite. Le scénario s'est répété cet automne en Irlande, où un plan de sauvegarde des banques a provoqué une explosion du déficit.
La menace d'une nouvelle crise budgétaire plane maintenant sur l'Espagne et sur le Portugal. Dans ces circonstances, il n'est pas étonnant que les Québécois se montrent inquiets pour l'économie mondiale, convient Yves St-Maurice, directeur et économiste en chef adjoint au Mouvement Desjardins.
«On voit ce qui se passe en Europe et ce n'est pas très rassurant, indique-t-il. Aux États-Unis, il y a plus souvent des mauvaises nouvelles que des bonnes. Ça montre qu'on est un peu inquiets de la situation autour de nous.»
Perception favorable pour le Canada et le Québec
Les Québécois gardent une perception nettement plus favorable de leur propre économie et de celle du Canada. Il faut dire que le taux de chômage se situe à 7,6% au pays et à 7,9% dans la province, selon les dernières données de Statistique Canada. Et la reprise économique devrait pousser à la hausse la demande pour le pétrole et les ressources naturelles, dont le Canada est un important producteur.
«Effectivement, l'économie canadienne va bien, affirme Yves St-Maurice. La demande intérieure va très bien. Les prix du pétrole et des matières premières sont bons. Ça donne un esprit plus optimiste pour l'économie canadienne, surtout qu'il y a de la création d'emplois et que les revenus sont bons.»
L'optimisme des Québécois est de bon augure, estime Éric Lacroix. Car une fois la crainte d'une nouvelle récession levée, ils consommeront davantage, contribuant du coup à relancer l'économie.
«Ce sont des résultats qui, en général, sont assez intéressants, dit M. Lacroix. Quand plus de 50% des gens se disent pessimistes face à l'économie locale, on va souvent voir des gens retarder des achats importants comme des électroménagers ou des voitures.»
Le sondage SOM a été mené du 16 au 20 décembre auprès d'internautes de Montréal, de Québec, et d'autres régions de la province. Sa marge d'erreur est de 2,5 points de pourcentage.
POUR 2011, ÊTES-VOUS POUR L'ÉCONOMIE MONDIALE?
Très optimiste /Plutôt optimiste/ Plutôt pessimiste/ Très pessimiste
Ensemble 1,3% /40,7%/ 52,1%/ 5,8%
Optimistes : 42% Pessimistes : 57,9%
POUR 2011, ÊTES-VOUS POUR L'ÉCONOMIE CANADIENNE?
Très optimiste/ Plutôt optimiste/ Plutôt pessimiste /Très pessimiste
Ensemble 5,7% /64,1% /28,1% /2,1%
Optimistes : 69,8% Pessimistes : 30,2%
POUR 2011, ÊTES-VOUS POUR L'ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE?
Très optimiste /Plutôt optimiste/ Plutôt pessimiste/ Très pessimiste
Ensemble 6,4% /53,9% /31,6% /8,1%
Optimistes : 60,3% Pessimistes : 39,7%
MÉTHODOLOGIE
Comme c'est le cas depuis quelques années, SOMet La Presse profitent de la fin de l'année pour faire un grand sondage de l'opinion publique. Les répondants font partie d'un groupe recruté de façon aléatoire dans le cadre de sondages téléphoniques dans l'ensemble de la population adulte du Québec. Le sondage a été réalisé auprès de 3482 internautes de 18 ans ou plus, sur un total de 6348 invitations envoyées, pour un taux de réponse de 55%. Les résultats ont été arrondis à l'unité près. Les entrevues ont été menées sur l'internet du 16 au 20 décembre 2010. La marge d'erreur s'établit à 2,5 points de pourcentage, à un niveau de confiance de 95%.