Le lock-out au Journal de Montréal, qui aura duré deux ans à la fin de janvier, ainsi que l'entente avec le front commun des secteurs public et parapublic, ont marqué les relations de travail au Québec en 2010.

Le 24 janvier 2009, 253 syndiqués avaient été mis en lock-out par la direction du Journal de Montréal, propriété de Quebecor Media. Depuis, le quotidien est toujours publié, étant alimenté par des cadres et par le travail d'employés d'autres médias de Quebecor.

Le moment déterminant de ce conflit exceptionnellement long a été la consultation des syndiqués sur les offres patronales et leur rejet à 89,3 pour cent, le 12 octobre.

L'employeur proposait de licencier 80 pour cent des employés, n'en gardant qu'une cinquantaine. Il offrait des indemnités de départ, en échange desquelles il exigeait des employés de s'abstenir de travailler pour les concurrents La Presse ou Cyberpresse pendant six mois. Il exigeait également la fermeture du site web Rue Frontenac, où travaillent présentement les journalistes en lock-out.

Au début de décembre, l'opposition péquiste avait déposé un projet de loi renforçant les dispositions du Code du travail qui empêchent le recours à des travailleurs de remplacement en cas de grève ou lock-out. Le projet de loi proposait d'interdire à un employeur d'utiliser, à l'extérieur de l'établissement où une grève ou un lock-out a été déclaré, les services de toute personne à l'emploi d'un autre employeur pour remplir les fonctions d'un salarié en grève ou en lock-out.

L'Assemblée nationale a toutefois suspendu ses travaux pour les Fêtes.

En 2010, le gouvernement est également parvenu à s'entendre avec le front commun des 475 000 syndiqués des secteurs public et parapublic, et ce, sans qu'une grève soit déclenchée.

Le front commun a ainsi conclu, au début de l'été, une convention d'une durée de cinq ans, en vigueur jusqu'au 31 mars 2015. L'entente prévoit des hausses de 6 pour cent pouvant s'élever à 10,5 pour cent, tout dépendant du taux d'inflation et de la croissance du produit intérieur brut. Des améliorations ont également été apportées aux régimes de retraite, aux assurances collectives et aux droits parentaux.

La Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), qui représente 58 000 membres, dont la majorité des infirmières, n'avait pu conclure une entente en même temps que les autres employés de l'État. Elle y a remédié à la mi-novembre, là encore sans recours à la grève.

La FIQ estime avoir fait des gains importants, notamment de voir enfin rémunérée la «période de chevauchement» de 15 minutes à chaque quart de travail, c'est-à-dire le transfert des informations sur les patients d'une infirmière à l'autre lorsqu'une termine son quart et que sa collègue commence le sien. De plus, les primes de soir, de nuit et de soins critiques ont été majorées.

Mais, en toute fin d'année, c'est une négociation tendue avec la Fédération des médecins omnipraticiens qui se dessinait.

L'année a également été marquée par quelques journées de grève tournante des 12 800 responsables de services de garde en milieu familial syndiquées à la CSQ. Cette négociation pour obtenir une première convention collective a finalement résulté en une entente de principe, en novembre.

Aussi, le 3 décembre, le président de la FTQ Michel Arsenault a été réélu sans opposition pour un second mandat de trois ans à la tête de la plus importante centrale syndicale du Québec, et ce, malgré la controverse qui a secoué la FTQ-Construction depuis plus d'un an et demi.