La hausse du salaire minimum, qui passera de 9,50$ l'heure à 9,65$ au Québec en mai prochain, est reçue avec tiédeur par différents groupes d'intérêt.

Le salaire minimum versé aux employés à pourboire passera de 8,25$ à 8,35$ au 1er mai 2011. Le salaire versé aux travailleurs de certains secteurs de l'industrie du vêtement passera de 9,50$ à 9,65$ l'heure.

Le ministère a fait savoir que 292 000 travailleurs bénéficieront de cette hausse du salaire minimum, principalement des femmes. Québec justifie cette hausse en affirmant vouloir préserver le pouvoir d'achat de ces travailleurs.

«Depuis 2003, le salaire minimum au Québec a connu une progression de plus de 30%, passant de 7,30 $ à 9,50 $ l'heure. Pendant la même période, l'indice des prix à la consommation (IPC) augmentait de 13%. En tenant compte du contexte économique actuel qui invite à la prudence et de la situation du marché du travail qui demeure fragile, nous avons quand même décidé d'augmenter cette année le salaire minimum afin de maintenir le pouvoir d'achat des travailleurs à faible revenu», a déclaré la ministre Lise Thériault.

Réactions prudentes

Le Conseil québécois du commerce de détail juge «acceptable» la hausse du salaire minimum annoncée par Québec, mais souligne qu'il s'agit d'une quatrième hausse en quatre ans. «Malgré la pression consécutive que les hausses ont sur les salaires depuis quatre ans, cette décision du gouvernement du Québec est responsable et conforme au contexte socio-économique à l'intérieur duquel le Québec évolue actuellement», analyse Gaston Lafleur, président du Conseil québécois du commerce de détail.

Le CQCD souligne que le secteur du commerce de détail a vu le salaire minimum augmenter de 18,75 % au cours des trois dernières années. «Il va sans dire que les détaillants auraient souhaité un répit en 2010», affirme Gaston Lafleur.

L'Association des restaurateurs du Québec (ARQ) juge «raisonnable» les hausses des taux horaires minimums annoncés par Québec. «Bien que nous revendiquions le gel du salaire minimum en 2011, nous sommes satisfaits de cette décision qui tient compte de la capacité de payer des petites et moyennes entreprises québécoises», a commenté François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l'ARQ.

Un sondage réalisé par l'ARQ au printemps dernier estime que la rémunération moyenne d'un serveur était de 20,37 $ l'heure si l'on inclut les pourboires reçus.

De son côté, le groupe de défense des droits des travailleurs non syndiqués Au bas de l'échelle se dit déçu de l'annonce du gouvernement. «L'effort consenti par la ministre n'est même pas suffisant pour aider les personnes rémunérées au salaire minimum à faire face aux trop nombreuses hausses de tarifs qui jalonnent la réalité budgétaire des Québécois. Il est inacceptable qu'en 2010 une personne qui travaille 40 heures par semaine au salaire minimum n'arrive pas à sortir de la pauvreté», commente Carole Henry porte-parole de l'organisme.

Le groupe réclame un salaire minimum à 10,69$ l'heure pour atteindre le seuil de faible revenu tel que défini par Statistique Canada avant impôt pour une personne seule.

L'organisme rappelle que le revenu annuel brut d'une personne qui travaille 40 heures par semaine au taux actuel du salaire minimum (9,50 dollars) est de 19 760 dollars. Ce revenu ne représente que 89,2% du seuil de faible revenu de Statistique Canada avant impôt pour une personne seule (seuil de 2009 soit 22 235 dollars).