Les conseils d'administration d'Hydro-Québec, de la Société des alcools et de la Financière agricole sont encore loin de la parité homme-femme à un an de l'échéance de décembre 2011, décrétée par la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État.

À son article 43, la Loi stipule que les conseils doivent être, «pour l'ensemble des sociétés, constitués à parts égales de femmes et d'hommes à compter du 14 décembre 2011».

Les chiffres proviennent de l'avis du Conseil du statut de la femme sur la place des femmes dans la gouvernance des entreprises, publié jeudi dernier.

«La pire, c'est la Financière agricole, elle a seulement 20% de femmes, déplore Christiane Pelchat, présidente du Conseil. Hydro-Québec aussi traîne de la patte. Ce n'est pas fort. On n'est pas fiers d'eux.»

Hydro-Québec compte 31,3% de femmes dans son conseil d'administration, la même proportion qu'en 2006. Jointe en après-midi vendredi, Ariane Connor, porte-parole d'Hydro sur les questions de gouvernance, n'a pas expliqué comment la société comptait atteindre la parité dans la prochaine année. «C'est le gouvernement qui nomme les administrateurs, pas Hydro», a-t-elle simplement dit.

Jointe aussi en après-midi vendredi, la Financière agricole, dont la proportion d'administratrices a baissé depuis l'adoption de la Loi sur la gouvernance en 2006, a promis qu'une explication serait donnée aujourd'hui.

Quant à la Société des alcools du Québec, un tiers de son conseil est constitué de femmes, une proportion qui stagne depuis 2008.

Au total, 24 sociétés d'État sont assujetties à la Loi. Le nombre de femmes dans leur conseil est passé de 31,1% des sièges, en 2006, à 45,4%, en 2010. Prises dans leur ensemble, les sociétés sont donc près de la cible de 50% fixée par le gouvernement.

Cette progression fait dire à Isabelle Hudon, administratrice de sociétés à qui on a demandé de commenter l'avis du Conseil du statut de la femme, qu'imposer la parité était, après coup, une bonne idée.

«Je n'étais pas chaude à l'idée au départ, mais je me suis trompée, a-t-elle reconnu. Rapidement, on a fait des pas de géants. Avoir le gouvernement qui donne le ton, c'est drôlement inspirant pour les conseils des entreprises. Ce qui est inspirant aussi, c'est de voir un Conseil des ministres à parité», a-t-elle souligné.

Mme Hudon préside au Québec la Financière Sun Life, assureur dont le conseil compte 21,4% de femmes, un effort qui place l'institution dans l'orbite des grandes banques canadiennes à ce chapitre.

On ne peut en dire autant de Groupe Promutuel et de Standard Life Canada, qui ne comptent aucune femme dans leur conseil.

Chez Promutuel, Josée Garneau, aux relations avec les médias, fait valoir que ce n'est qu'une question de temps avant que ce bastion masculin n'ouvre la porte à des représentantes féminines. Les administrateurs du groupe proviennent obligatoirement des conseils des mutuelles locales où on dénombre, en moyenne, d'une à deux femmes par conseil, dit-elle.

Le malaise était aussi palpable à la Standard Life, dont la filiale canadienne a son siège à Montréal. «Ce n'est pas ce qu'on aurait aimé et c'est une préoccupation pour notre entreprise», dit Ann-Marie Gagné, porte-parole. Environ 60% du personnel est féminin. Mme Gagné souligne que le comité de direction est formé de quatre femmes sur neuf membres.

Concernant Axa Canada, montrée du doigt dans l'avis du Conseil, Jean-Denis Talon, président du conseil, tient à préciser qu'Axa Canada n'est qu'un holding avec seulement une demi-douzaine d'employés. La vraie société exploitante est Axa Assurances, laquelle compte plus de 1000 employés, et dont le conseil compte 12 personnes. Guylaine Saucier, Louise Parent et Paule Doré y siègent.