La somme est symbolique, mais il y a de ces erreurs du passé dont on souhaiterait ne plus jamais entendre parler.

C'est ce qui se passe à la Caisse de dépôt avec son investissement malheureux dans l'hôtel Godin (renommé depuis Opus Montréal), situé au coin de la rue Sherbrooke et du boulevard Saint-Laurent, à Montréal.

Après avoir racheté la participation de ses partenaires pour 950 000$ en février 2007, la Caisse a dû récemment se battre en cour pour éviter de leur rembourser 343 000$ en taxes de vente. Le 2 décembre dernier, un juge a tranché que la Caisse versera seulement 39 247$ à ses associés éconduits.

Construit en 2002 au coût de 30 millions de dollars, l'établissement de 136 chambres était la propriété de Cadim, filiale de la Caisse, du mécène Daniel Langlois et des restaurateurs du Buona Notte et Le Globe. Ces derniers avaient investi 1 million dans le projet et détenaient 40% du Godin.

Ce groupe, dirigé par Massimo Lecas, s'occupait aussi de la gestion de l'hôtel.

M. Lecas et ses associés Roberto Pesut et Angelo Leone avaient eu maille à partir avec la Régie des alcools, des courses et des jeux pour cause d'infractions dans leurs restaurants. Pour cette raison, le quasi-tribunal a refusé de délivrer le permis d'alcool à l'hôtel de la Caisse tant que les restaurateurs en seraient les gestionnaires.

Après bien des péripéties, la Caisse a finalement réussi à mettre dehors les gestionnaires en mai 2006 et a racheté leur participation en février 2007.

Le mal était fait. Privé de permis d'alcool, le chic établissement a été condamné au régime sec pendant 18 mois, ce qui a eu un impact catastrophique sur les finances de l'hôtel, selon le témoignage de l'époque devant la Régie de Georges Villedary, le gestionnaire qui a pris la relève de M. Lecas.

La Caisse et Daniel Langlois ont finalement vendu l'immeuble à un groupe de Vancouver en 2007.

Le litige portait sur des taxes de vente restées impayées entre 2003 et 2005. En vertu des modalités rattachées au rachat de la participation de MM. Lecas, Pesut et Leone, le tribunal conclut que la Caisse devra rembourser à l'ancien gestionnaire de l'hôtel la somme de 39 247$ «avec les intérêts et l'indemnité additionnelle à partir de la date du présent jugement». Le juge rejette toutefois la réclamation de 303 708$, car celle-ci découle d'un avis de cotisation qui n'est pas lié à la gestion de l'hôtel.

«On est satisfaits du jugement», dit Jean-Michel Laberge, porte-parole de SITQ, filiale de la Caisse qui a intégré les actifs de Cadim.

Les demandeurs n'ont pas porté la cause en appel à ce jour. Ils ont jusqu'au 1er janvier pour le faire.