Au moins 1300 emplois industriels perdus d'ici trois ans. Un pan entier du patrimoine industriel de la banlieue est de Montréal qui s'effacera.

L'annonce hier d'Electrolux, géant suédois des appareils ménagers, qui fermera son usine de cuisinières à L'Assomption, près de Repentigny, a provoqué un choc dans la région.

Elle interpelle aussi tout le Québec industriel, déjà aux prises avec les défis d'une économie nord-américaine au ralenti et d'un dollar canadien fort qui nuit à l'exportation.

«Des emplois industriels comme ici, à 19 ou 20$ l'heure, c'est rare», a commenté un jeune salarié d'Electrolux, Sébastien Desrosiers, à la sortie de son quart de travail, hier.

«J'aurais préféré qu'ils nous annoncent ça après les Fêtes», a indiqué pour sa part Gérard Thuot, 50 ans, qui travaille depuis 34 ans chez Electrolux.

Selon les informations très partielles fournies par Electrolux, c'est effectivement vers d'autres usines du groupe au Mexique et dans le sud des États-Unis que l'entreprise veut délocaliser sa production de L'Assomption d'ici l'été 2013.

N'y resteraient alors que 75 emplois liés à un «centre de développement de produits», mais tout au mieux pour une année de plus.

Selon le patron nord-américain d'Electrolux, Billy Benson, qui s'est déplacé L'Assomption pour informer le personnel de l'usine, cette délocalisation s'inscrit dans le mouvement de mondialisation du marché.

«Les principaux fabricants d'électroménagers ont réduit leur structure de coûts en s'installant dans des marchés à moindre coût», lit-on dans le communiqué officiel.

Parmi les intervenants de l'économie locale, on dit connaître depuis des années les «défis de productivité» auxquels est confrontée l'usine d'Electrolux, ce qui en a fait d'ailleurs une priorité de suivi et d'intervention.

Même la société d'État Investissement Québec a été mobilisée il y a deux ans pour subventionner à hauteur de 4,7 millions un projet de modernisation de l'usine, évalué à 49 millions.

Ce programme était d'ailleurs encore en cours au moment de l'annonce hier par Electrolux, ce qui a surpris Investissement Québec.

«Nous avons eu récemment des rencontres de suivi avec les dirigeants de l'usine de L'Assomption. Et en aucun temps, il n'a été question de menace de fermeture», a confirmé la porte-parole d'Investissement Québec, Josée Béland.

Entre-temps, la société d'État n'avait encore déboursé «qu'un peu moins de la moitié» de la subvention proposée. Le reste des 4,7 millions devait être versé d'ici la fin de mai 2011.

«Des conditions sont rattachées à cette aide, notamment en matière d'emplois. Par conséquent, nous analyserons la situation d'Electrolux pour décider de la suite de l'aide, sinon du rappel de la somme déjà versée», a indiqué Mme Béland.

Au niveau régional, hier les diverses instances se sont vite mises en «cellule de crise». Une première réunion d'urgence est prévue ce matin avec plusieurs intervenants.

«L'annonce d'Electrolux est une véritable bombe dans l'économie régionale, juste avant les Fêtes», selon Jeffrey Bouchard, principal coordonnateur de développement économique à la MRC de L'Assomption.

«Il y a 1300 emplois directs qui disparaîtront chez le plus gros employeur privé de la région. Mais c'est aussi tout un réseau de fournisseurs de biens et services qui sera affecté», selon M. Bouchard.

Pour la mairesse de L'Assomption, Louise Francoeur, cette mobilisation d'urgence des intervenants régionaux vise à «identifier et limiter les dommages collatéraux» de la fermeture de l'usine d'Electrolux.

Mais aussi, il faudra lancer rapidement des mesures d'aide pour la relocalisation des 1300 travailleurs, dont la masse salariale pèse quelques dizaines de millions par année dans l'économie régionale.

Pour sa part, le député provincial de L'Assomption, Scott McKay, entend demander au gouvernement Charest et en particulier à son ministre du développement économique, Clément Gignac, de faciliter l'accès à des programmes d'aide aux travailleurs qui seront licenciés.

«Nous nous attendrons à une bonne écoute et de la flexibilité de la part des gestionnaires de ces programmes», a indiqué M. McKay.