Le ministre de l'Agriculture Laurent Lessard n'aura réussi qu'à mécontenter davantage les agriculteurs, mercredi, en refusant d'abolir un nouveau calcul des prestations de leur assurance revenu.

Devant 420 délégués de l'Union des producteurs agricoles (UPA) réunis en congrès, M. Lessard a cependant promis que tout surplus éventuel généré par cette méthode sera reversé aux agriculteurs.

«J'ai pris l'engagement, s'il y a un surplus qui vient, on va remplir nos obligations, a-t-il dit. Et que ce surplus vienne de quelque source que ce soit, il sera remis aux producteurs agricoles.»

M. Lessard s'est engagé à rencontrer dans deux semaines les administrateurs de la Financière agricole, qui gère le programme d'assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA), afin d'évaluer dans quelle mesure des sommes seraient dégagées.

Selon les chiffres de l'UPA, l'abolition de cette nouvelle façon de calculer les coûts de production, qui permet de déterminer les réclamations à l'ASRA, n'engendrerait aucun déficit pour la Financière agricole.

Mercredi, lors d'un point de presse qui a suivi son allocution, M. Lessard a affirmé qu'il examinera les données de l'UPA et consultera la Financière agricole, pour ensuite trancher.

«J'ai dû travailler très fort pour comprendre la gymnastique entre les deux et j'en suis arrivé à la conclusion qu'il y a une perception différente dans l'appréciation du risque que font (l'UPA et la Financière)», a-t-il dit.

Cette promesse de M. Lessard a été mal reçue par le président du regroupement, Christian Lacasse, qui a juste après lui pris la parole devant ses membres.

«C'est impossible, ça ne passe pas et ça ne passera jamais, a-t-il dit. Ça ne passera pas avec des demi-mesures.»

Mardi, l'UPA avait réclamé du ministre des engagements formels concernant l'abolition de la nouvelle façon de calculer les coûts de production.

En vertu de nouvelles règles, la Financière agricole établit désormais le coût de production moyen des agriculteurs en excluant de son échantillon 25 pour cent d'entre eux, dont la performance est la moins bonne.

Cela a pour effet de réduire le coût moyen de production, une donnée qui, lorsque les prix du marché descendent sous ce seuil, détermine le montant des pertes admissibles à une compensation.

L'organisation avait aussi demandé à M. Lessard de confirmer le maintien du monopole syndical de l'UPA ainsi que les moyens de mise en marché collective qui, selon les agriculteurs, leur permettent d'avoir un meilleur rapport de force avec les acheteurs.

Lors d'un point de presse, M. Lacasse était hors de lui. Il a accusé le gouvernement de détruire les outils à la disposition de ses membres et d'entretenir un climat d'incertitude.

«Quand on met la hache dans la sécurité du revenu, quand on met le doute et qu'on risque de mettre la hache dans les seuls outils qu'il reste au Québec pour permettre aux producteurs de gagner leur vie, il ne reste rien, a-t-il dit. Alors le désespoir, le désarroi des producteurs, il est facile à expliquer.»

M. Lacasse a affirmé qu'il ne s'attend à aucun développement positif à la suite de la rencontre de M. Lessard avec les administrateurs de la Financière agricole.

«Le 25 pour cent, c'est une directive du gouvernement, a-t-il dit. C'est au gouvernement à retirer cette mesure. Le passage par la Financière, ça ne me dit rien et ça ne donnera rien de plus.»

Alors que les agriculteurs bloquent déjà les sentiers de motoneige qui traversent leurs terres, pour protester contre l'immobilisme du gouvernement, M. Lacasse a soutenu que d'autres moyens de pression seront envisagés, sans toutefois préciser lesquels.

Chose certaine, M. Lacasse a affirmé qu'il est désormais hors de question de redonner un accès aux sportifs motorisés.

«Il n'y aura pas de saison et il n'y aura pas d'accès aux terres agricoles tant que ces dossiers ne seront pas réglés», a-t-il dit.

Le président de la Fédération des clubs motoneigistes, Mario Côté, s'est empressé d'assurer que les adeptes de ce sport pourront tout de même accéder à des sentiers. M. Côté a estimé qu'environ les deux tiers des pistes de motoneiges seraient ouvertes cet hiver.

«Il y aura une saison de motoneige au Québec à tous les endroits qui ne sont pas touchés par le blocus», a-t-il dit.